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25 février 2023

La cavale de John List

EXCLUSIF. John List était un citoyen américain ordinaire. Il a beaucoup fait parler de lui à la fin de l'année 1971 pour avoir, le 9 novembre, tué sa femme, sa mère et ses trois enfants dans la maison familiale située dans le New Jersey. Âgé de 46 ans il a ensuite totalement disparu. 

Pour commettre ses assassinats John List avait tout planifié méticuleusement et il s'est passé près d'un mois avant que l'on s'aperçoive du drame. En cela, l'affaire Dupont de Ligonnès lui ressemble sur  plusieurs points. On ne retrouvera le criminel que 18 ans plus tard, le 1er Juin 1989, après la diffusion d'une émission de télévision d'appels à témoignages.

S'il est possible, par les points semblables et les curieuses coïncidences, de rapprocher deux affaires situées à près de 40 années de distance, il peut paraître intéressant, pour pouvoir éventuellement l'extrapoler à un autre cas similaire, de savoir ce qu'a été la vie de John List lors de sa cavale. Cette possibilité nous est donnée grâce à un article du Washington Post datant du 1er juillet 1989, un mois après son arrestation en Virginie.

La vie de John List retracée

La dernière trace de John List après son départ de son imposante maison de Westfield est sa voiture, un modèle de Chevrolet Impala datant de 1963, qui fut retrouvée stationnée sur un parking de l'Aéroport International JFK de New York trois jours après que l'on ait découvert les corps. Les autorités pensent alors que List a débuté une nouvelle vie vers l'ouest et en réalité à la fin 1972, un certain Robert Clark vit dans dans un parc pour caravanes à la périphérie de Golden, une banlieue à l'ouest de Denver dans le Colorado.

Le soir, il travaille dans les cuisines d'un hôtel proche et un collègue dira de lui qu'il a une obsession pour l'Histoire. Qu'il pouvait lui poser n'importe quelle question relative aux rois d'Angleterre ou autres et qu'il pouvait donner les dates de leur règne, les prénoms et dates de naissance des enfants, et qu'il savait tout cela par cœur, comme si c'était une façon pour lui d'enterrer sa propre histoire. Le collègue, qui est aussi le chef de cuisine devient ami avec Robert Clark/John List et en 1975, lorsqu'il change d'établissement pour le Country Club à Parker au sud est de Denver, il emmène List avec lui.

Le fugitif est un bon collègue dur à la tâche et il passe rapidement du parc à caravanes à un appartement à une chambre puis à un autre à deux chambres, selon son collègue parce qu'il aimait jouer aux jeux de guerre avec avec petits soldats de plomb et avait besoin de place. Et puis, en 1977, John List retrouve un travail de comptable, profession qu'il occupait avant le drame, et la même année il rencontre une femme dans une réunion paroissiale, Delores Miller. Il commence à fréquenter Delores Miller et déménage en 1978 pour habiter à l'Est de Denver, à Aurora, dans un complexe d'immeubles situé à l'Est de la ville.

Pour pouvoir emménager dans cet appartement, John List possédait un permis de conduire, une carte de sécurité sociale et plusieurs cartes de crédit au nom de Robert P. Clark. Selon le Washington Post, lors de son procès ultérieur, la police ne sait pas s'il s'est inventé une identité à l'aide de faux documents ou s'il a pris l'identité d'une personne décédée. Dans la demande de location qu'il a remplie en 1978, Clark a indiqué qu'il travaillait depuis 18 mois (à partir de janvier 1976) comme comptable pour une société R.C. Miller & Co de Wheat Ridge, au Colorado. Or il n'existe à l'époque aucun dossier fiscal ou commercial pour une telle société dans les dossiers de l'État du Colorado ou de la ville de Wheat Ridge.

En novembre 1985, John List emménage chez Delores Miller. Un mois plus tard le couple se marie. Après avoir occupé deux autres emplois de comptable dans la région de Denver, Robert Clark décide de créer sa propre entreprise en 1986. Mais sa société périclite, et les problèmes financiers reviennent. Clark/List recherche de nouveau du travail. Ses problèmes perdurent jusqu'à ce qu'il décroche finalement un emploi de comptable à Richmond, une ville située plus à l'Est des Etats-Unis, en Virginie. 

John List déménage en Virginie en février 1988 et emménage au mois de juillet à Brandermill, au sud ouest de Richmond, dans une maison de 76 000 dollars achetée au nom de sa femme, et pour laquelle elle a versé 12 000 dollars. Auparavant, il vivait modestement dans les environs de Denver depuis plus de 15 ans.

Qui a dénoncé John List ?

Selon l'article du Washington Post, un agent du FBI a déclaré qu'il ne lui était pas possible de vérifier qu'elle était la personne qui avait appelé pour dénoncer Robert Clark le soir du 21 mai 1989 lors de la diffusion de l'émission "America's Most Wanted". Cependant, la voisine de Delores Miller au moment ou Robert Clark avait emménagé chez Delores a reconnu Clark et a dit à son gendre d'appeler le FBI. Ce n'était pas la première fois que cette voisine identifiait Clark comme étant John List, selon ses dires. Elle dit avoir, en février 1987, acheté un magazine à l'épicerie et y avoir lu un article sur les meurtres de List. Elle a montré l'article avec la photo à Delores Clark en lui demandant : "Ce n'est pas votre mari ?". L'ancienne voisine précise que Delores Clark a fixé la photo pendant une minute pour finalement répondre "Oh non, ce n'est pas lui." Tout naturellement la voisine a ajouté "Pourquoi vous ne lui montrez pas ?". La réponse aurait été de déchirer l'article.


Source : https://www.washingtonpost.com/archive/local/1989/07/01/a-double-life-for-17-years/e6ea9055-c690-428c-bbe2-75c86adc82a4/

11 décembre 2020

Le voile levé sur la disparition d'Agatha Christie en 1926

 


La disparition d'Agatha Christie durant 11 jours et sa voiture retrouvée accidentée et abandonnée est un fait-divers qui a fait couler beaucoup d'encre. Les articles en ligne qui y sont consacrés s'ajoutent chaque année. Depuis Le secret de Newlands Corner, le voile s'est levé sur cette incroyable affaire.

(5e partie)

Le samedi 4 décembre 1926 vers 5h-5h30 du matin, Agatha Christie emprunte un chemin de terre longeant une carrière près d'Albury. Elle jette sa voiture contre un talus herbeux. Elle reste quelques instants dans sa voiture, une Morris Cowley, retire son manteau de fourrure et monte à pieds la colline jusqu'à Newlands Corner. Puis, elle bifurque à gauche dans Trodds Lane pour rejoindre la seconde voiture garée à 300 mètres après le carrefour.

A noter que lors de l'enquête policière, le Superintendent du Berkshire (Comté où habitait la disparue) a pris en compte la manière dont la romancière était habillée. Il lui est apparu comme une évidence qu' "elle pourrait avoir passé la nuit confortablement dans sa voiture en portant un manteau de fourrure, et puis quand elle a décidé de quitter la voiture, elle a jeté le manteau, qui était trop lourd pour marcher avec. Sous le manteau de fourrure, elle portait des vêtements chauds comme ceux que portent les femmes lors de leurs promenades à la campagne."*

Plus tard, après que le cycliste Edward McAllister ait, après plusieurs essais, démarré la seconde voiture restée de longues heures stationnée sur le côté dans Trodds Lane, Agatha Christie partit doucement aux environs de 7 heures vers le Nord-Est de Guilford, puis dans la direction de Leatherhead et du Sud-Ouest de Londres. En 2000, le Guardian* a publié "une interview de la fille de Nan Watts, amie proche et parente par alliance de Christie." Dans cette interview, la fille de Nan suggère qu'Agatha a été aidée dans sa disparition par sa mère.

Selon la fille de Nan il aurait été convenu que la romancière pourrait passer la nuit du vendredi 3 au samedi 4 décembre avec Nan, qui avait déménagé à Londres à Chelsea Park Gardens. Et cette nuit-là son second mari George Kon était justement absent. Cette suggestion est faite en lien avec l'idée que la romancière a passé la nuit à Chelsea après être revenue de Newlands Corner en train.

De retour à Londres

Avec l'hypothèse de la seconde voiture, Agatha Christie arrive à Londres vers 9h, stationne la voiture empruntée, et poste la lettre pour son beau-frère Campbell Christie. Le mardi 7 décembre, le beau-frère de la romancière a reçu une lettre d'Agatha et, selon le cachet de la poste, cette lettre a été oblitérée le 4 décembre à 9h45 dans le district postal Londres SW1. Il s'agit donc d'un quartier par lequel Agatha serait passée, avant l'oblitération. Sauf à ce qu'une autre personne ait postée la lettre il y a peu de doute sur ce point. La résidence de Nan Kon se situe d'ailleurs dans la zone postale immédiatement adjacente au SW1, Londres SW3.

Une fois à Londres, Agatha Christie est allée acheter des vêtements dont un nouveau manteau. Tout le monde s'accorde sur le fait qu'elle a ensuite pris le train. Elle prend un train à la gare de King's Cross pour se rendre précisément dans la région où quelques jours plus tôt elle avait décidé de passer le Weekend (Beverley dans le Yorkshire de l'Est) et choisit Harrogate, la ville d'eau dans le Yorkshire du Nord dans laquelle on l'a retrouvée 11 jours après son départ de Styles. Au Swan Hydropathic Hotel, on l'accueille sur sa mine et ses déclarations par lesquelles elle se nomme Teresa Neele et qu'elle vient du Cap, en Afrique du Sud.
 
A Harrogate Agatha Christie a emprunté le nom de Neele, celui de la partenaire de golf de son mari, Nancy Neele, dont Archibald Christie était tombé amoureux quelques temps auparavant. Son mari voulant divorcer et partir avec sa maîtresse, le couple s'était querellé le vendredi 3 au matin. Le 14 décembre 1926, soit onze jours après qu'elle ait quitté Styles, un joueur de banjo de l'hôtel d'Harrogate, Bob Tappin, a reconnu la romancière et a alerté la police. Le colonel Christie est ensuite venu chercher sa femme à l'hôtel. Fin de l'escapade.
 
Documents et indices

De façon étonnante, la romancière avait fait paraître une curieuse petite annonce dans le Times, demandant que des amis et des parents prennent contact avec cette Teresa Neele. 
 
 
Extrait d'un document relatif à une émission de timbres poste au Royaume-Uni. Copie ou fac-similé ? °
 
De l'autre côté de l'Atlantique, et plus loin, Teresa Neele, certainement par une erreur de transcription, deviendra Mrs Trazenell.
 
Daily Pentagraph - Bloomington - Illinois - Mercredi 15 décembre 1926


The Sun - Sydney - 15 décembre 1926

Divers éléments sont disséminés. Dans la vie d'Agatha Christie, comme la présence à ses côtés de sa secrétaire et confidente Charlotte Fisher (dite Carlo), à qui elle dédicacera d'ailleurs Le Mystère du Train Bleu, roman sur lequel elle travaillait avec difficulté au moment de son aventure. Ensuite dans ses ouvrages. A été citée L'Affaire de la femme disparue, nouvelle publiée en octobre 1924 dans laquelle se trouvent deux villages du même nom, et puis La Métamorphose d'Edward Robinson, une autre nouvelle publiée par Agatha Christie deux ans plus tôt en décembre, dans laquelle il est question deux deux voitures identiques. Peut-on ajouter Le Vallon, roman dans lequel une artiste faisant de la sculpture et du modelage de la glaise, Henrietta Savernake, possède à la fois des qualités de conductrice et un enthousiasme pour les raccourcis.



D'autre part l'aide fournie par son amie de toujours Nan, semble indéniable. La découverte d'une pièce de théâtre, The Lie (Le Mensonge) créée par Agatha Christie, apparemment écrite au milieu des années 20 et jamais jouée, a montré Nan comme le prénom du personnage principal. La pièce, qui historiquement précède ses célèbres thrillers de scène, est restée dans les archives de l'auteur pendant plusieurs décennies jusqu'à ce qu'elle soit finalement retrouvée. Le thème est celui d'une femme piégée dans un mariage malheureux et provoquée par l'obsession de son mari pour sa jeune soeur. 
L'épouse, Nan Gregg, disparaît pour une nuit de la maison familiale "ce qui a des conséquences dévastatrices." La pièce se déroule sur "Une série de révélations dramatiques (qui) conduira soit au divorce, soit à la réconciliation, mais l'issue dépendra de la volonté de la soeur de Nan de mentir pour la protéger."°°

Aucune réconciliation n'a été possible entre Agatha et Archibald Christie dans les mois qui ont suivi cette aventure et ils ont finalement divorcé.
 
 
* Andrew Norman. Agatha Christie: The Disappearing Novelist https://books.google.fr
** http://news.bbc.co.uk/local/surrey/hi/people_and_places/history/newsid_9005000/9005502.stm
°° https://www.iacf-uk.org/activities/lie-agatha-christie/
Photo : pixabay.com

08 novembre 2019

Retour sur la disparition d'Anaïs Guillaume


Les ossements retrouvés dans un champ appartenant à l'exploitant agricole avec qui Anaïs Guillaume avait noué une tumultueuse relation amoureuse sont bien ceux de la jeune disparue.  Le soir du 16 avril 2013, après une longue journée de travail près de Charleville et cinquante kilomètres en voiture, Anaïs aurait dû diner et dormir chez ses parents à Blagny. Au lieu de cela, elle est ressortie, pour ne jamais revenir. Retour sur la disparition d'Anaïs Guillaume.

En juillet 2011, dans le cadre de son diplôme d'agricultrice, la jeune femme de 21 ans obtient un contrat d'apprentissage non loin de chez ses parents, à la ferme de Céline et Philippe Gillet, située à Fromy dans les Ardennes. Avec l'exploitant agricole âgé d'une quarantaine d'années, Anaïs Guillaume noue rapidement "une relation amoureuse mais vit encore chez ses parents."
Quelques mois plus tard, en 2012, la jeune femme porte plainte à la gendarmerie pour des violences commises à son encontre par l'exploitant agricole, "mais elle n'arrive pas à tourner la page." Elle renoue sentimentalement peu après avec Philippe Gillet tout en s'installant, fin 2012 "à quelques rues de chez ses parents, dans un appartement, en colocation avec son amie"(*). Elle découvre que leurs voisins sont une famille avec des difficultés financières. Anaïs se lie d'amitié avec eux, les dépannant régulièrement de quelques produits courants.

Ainsi, durant quelque temps, Anaïs Gillet partage son logement avec son amie M. et poursuit tant bien que mal sa relation avec son patron "tout en amorçant une relation avec un ami plus jeune, depuis mars 2013." Ce nouveau petit ami, C. est âgé de 31 ans. De leur côté les parents de la disparue ont déclaré ignorer qu’elle continuait à entretenir une liaison plus privée avec Philippe Gillet.
En tout état de cause, bien qu'elle paraisse comblée sentimentalement, l'environnement financier d'Anaïs semble s'assombrir puisque "début avril 2013 Anaïs rentre vivre chez ses parents, n'assumant plus ses loyers "(*). L'état des lieux de sortie de l'appartement, montré dans l'émission INDICES est fait le 2 avril au matin (*).

Le jour de la disparition

Philippe Gillet possède une autre exploitation agricole à une cinquantaine de km de Fromy, à Sorel au Nord-Ouest de Charleville-Mézières. Le lieu a d'ailleurs été fouillé par les gendarmes en janvier 2019. D'après la lettre anonyme qui circule sur certains médias, l'homme possèderait aussi un pré au bord de la rivière à Linay, près du terrain de football.
C'est à Sorel qu'Anaïs Guillaume passe la journée du 16 avril 2013. Les parents de la jeune femme étaient informés qu’elle avait travaillé ce jour-là pour le compte de l'agriculteur, qui lui a demandé de l'aider à labourer un champ. Selon sa maman, qui l'a vue pour la dernière fois ce matin-là, elle s'était levée à 6h30.
Le petit frère d'Anaïs, C., est présent à Blagny quand Anaïs rentre le soir pour se changer, avant de repartir pour selon elle, revenir "tout de suite".

Selon INDICES, 400 euros auraient été volés sur le compte d'Anaïs Guillaume la veille de sa disparition. Sa carte bancaire lui aurait été subtilisée le jour de son déménagement. Avant l'état de lieux du 2 avril 2013, donc. On apprend qu'"Anaïs remarque qu'il lui manque de l'argent sur son compte et soupçonne tout de suite ses voisins".
Plusieurs chèques falsifiés d'un chéquier d'Anaïs aurait été utilisé dès le 17 avril 2013 par un fils de la famille L. et sa compagne pour faire des achats. Les jeunes gens "avaient été rapidement démasqués et entendus par les gendarmes."
En fin d'année 2015, les parents d'Anaïs Guillaume indiquent au journaliste de l'Union qu'ils s'impatientent et souhaitent poser des questions au juge d’instruction. Parmi celles-ci "On aimerait aussi lui dire que la famille chez qui Anaïs a passé une partie de la soirée du 17 avril 2013 doit forcément en savoir plus que ce qui a été dit jusqu’à présent. Pourquoi notre plainte pour le vol de chéquier par cette famille le lendemain de la disparition d’Anaïs n’a pas été retenue ?" Ils se demandent aussi "Qu’est-ce qu’est devenu le deuxième téléphone portable de notre fille ?" '(**)



(*) Vidéo INDICES RTL-TVI

(**) Transcription d'article payant sur cette page de forum.

A noter plusieurs infos trouvées sur cette page de forum, avant vérifications des liens.

Photo : Pixabay.com

13 mai 2019

Disparition d'Agatha Christie : Le secret de Newlands Corner


Que s'est-il passé à Newlands Corner dans la nuit du 3 au 4 décembre 1926 ? La voiture d'Agatha Christie a été retrouvée au bord d'une carrière, sans sa célèbre propriétaire, évanouie dans le Comté du Surrey. Trompe-l'oeil, faux-semblant, vraisemblance, avec une nouvelle hypothèse le puzzle est-il enfin reconstitué ?

(4e partie)

Le samedi 4 décembre 1926 à 6h20 du matin, un certain McAllister aide une femme stationnée non loin de Newlands Corner à redémarrer sa voiture. Cette femme est-elle Agatha Christie ?
La probabilité pour qu'une autre femme, correspondant à la description de la célèbre romancière, se soit trouvée ce matin du 4 décembre 1926 à proximité de l'endroit où l'on a retrouvé la Morris Cowley d'Agatha Christie paraît pourtant faible.
Les reportages des journaux de l'époque sont inévitablement confus. La biographe Laura Thompson écrit* "Cet homme a d'abord été nommé Ernest Cross, puis Edward McAllister". Et plus loin elle précise "C'était (...) presque comme s'il s'agissait de deux hommes différents, puisque 'Cross' a décrit le radiateur de voiture comme 'assez chaud' et de forme carrée (...) tandis que McAllister a déclaré qu'il était froid. Dans chaque reportage, on dit que la femme (...) a pris la route en s'éloignant de Newlands Corner."
Il ne semble indiqué nulle part que le témoin McAllister ait remarqué la marque de la voiture ou son modèle. L'homme précise juste qu'il s'agissait d'une quatre places. Il dit "J'ai vu une voiture avec une femme à l'arrière". La phrase exacte est "I saw a motor car with a woman standing at the back of the car." La femme se trouve-t-elle "assise à l'arrière" ou "debout à l'arrière de la voiture", sous-entendu "à guetter si quelqu'un passe"?

Andrew Norman** relate que, selon le témoin McAllister, la voiture est stationnée à 300-400 mètres de la jonction de Trodds Lane et de l'A25, qui est une sorte de Y juste avant le fameux point culminant touristique de Newlands Corner. Le témoin précise que l'avant de l'automobile est placé dans la direction de Merrow, village situé à l'Est de Guilford. La direction est celle dans laquelle il se dirigeait lui-même, puisqu'il est écrit qu'il allait travailler dans Merrow Lane, qui se trouve un peu plus loin vers le Nord. Toujours selon McAllister, après avoir démarré la voiture de cette femme, celle-ci a conduit l'automobile très lentement en descendant la colline (Trodds Lane) vers le village de Merrow, en s'éloignant de Newlands Corner.
Pour Andrew Norman "Si c'était la voiture abandonnée (ndr. la voiture qui dans ce cas serait abandonnée accidentée ensuite) la femme a dû faire demi-tour et monter la colline derrière lui."

Cette scène est d'ailleurs pour le moins étrange. Imaginons cette femme assise dans sa voiture. Il est 6h20 du matin en décembre. Il fait nuit et froid. Que serait-elle devenue si McAllister n'était pas passé ce matin-là à vélo ? Serait-elle restée à cet endroit à attendre le passage d'une autre personne ? Comment aurait-elle pu héler une autre voiture depuis l'intérieur de la sienne ? Et si elle était debout dans la nuit et le froid à l'extérieur de la voiture, depuis combien de temps s'y trouvait-elle ?

Agatha Christie aurait-elle conditionné toute sa stratégie d'accident et de disparition à la présence et à la volonté de ce McAllister ? D'autant que si elle avait rencontré une autre personne plus tard la suite des événements se serait déroulée autrement. Le récit de cette disparition temporaire à Newlands Corner a montré une augmentation du nombre de curieux avec le lever du jour.
Une hypothèse par laquelle la romancière aurait attendu toute la nuit au froid dans sa voiture, dans le seul but d'aller la fracasser au petit matin, le plus discrètement possible, en dévalant l'autre versant de la colline, est hasardeuse. Quand bien même elle aurait auparavant fait demi-tour plus loin dans Trodds Lane.

En conséquence, la voiture de la romancière a probablement été accidentée le samedi 4 décembre vers 5h-5h30 du matin, la femme vue par le témoin McAllister est probablement Agatha Christie, mais la voiture démarrée n'est pas sa bien-aimée Morris Cowley.
A la suite de cela la direction prise par la mystérieuse voiture et sa conductrice est celle de Clandon et puis vraisemblablement Londres.

Les indices du passé

Dans les ouvrages d'Agatha Christie, les substitutions, notamment les personnages venant prendre la place d'une autre personne, ne sont pas rares. On rencontre aussi les homonymies, comme dans L'Affaire de la femme disparue (The Case of the Missing Lady), une nouvelle d'abord publiée au Royaume-Uni en octobre 1924 dans la revue The Sketch°. Pour rappel, Agatha Christie a acheté sa voiture, une Morris Cowley, en 1924.
Dans L'Affaire de la femme disparue, les détectives privés Tommy et Tuppence Beresford recherchent Hermione Leigh Gordon, la fiancée d'un de leurs clients, Gabriel Stavansson. Ils se rendent au village de Maldon où est censée se trouver la disparue. Sur place, ils n'en trouvent aucune trace. Tuppence se rend alors compte qu'il y a deux villages du même nom, situés dans deux comtés différents.

Deux mois après la publication de L'Affaire de la femme disparue, en décembre 1924, la reine du roman policier publie une autre nouvelle, dans la revue The Grand Magazine°. Intitulée La Métamorphose d'Edward Robinson, l'histoire parle d'une étrange erreur de voiture.
Le héros a acheté, à la manière d'Agatha Christie, une élégante voiture grâce aux 500 Livres Sterling gagnées à un concours. Après quelques tours de roues, Edward Robinson s'arrête quelque part dans le but d'admirer un paysage se trouvant un peu éloigné de l'endroit du stationnement.
Depuis le bord de la route, il prend un chemin menant au point de vue, profite du paysage, puis revient vers sa voiture en empruntant, sans vraiment s'en apercevoir, un chemin différent. Il débouche en fait un peu plus loin, mais près d'une voiture identique à la sienne. Sans prendre garde, il monte dedans et part avec. C'est en fouillant plus tard dans la boîte à gants qu'il découvrira un collier de diamants et réalisera qu'il conduit la mauvaise voiture. Heureusement pour lui, il y a aussi un petit mot avec le collier.

Le rendez-vous de Londres

Le vendredi 3 décembre 1926 au matin, après sa dispute avec son mari et que ce dernier ait quitté la maison de Styles pour rejoindre sa maîtresse, Agatha Christie décide de prendre sa Morris Cowley et de partir pour une destination inconnue. Elle est cependant de retour pour le repas du midi.
Ce jour-là, Charlotte Fisher, secrétaire, gouvernante et confidente de la romancière, avait pris sa journée et se trouvait à Londres chez sa soeur. Elle devait rentrer le soir tard. Avant de partir vers 22h, Agatha Christie lui laisse une lettre dans laquelle elle lui demande d'annuler une réservation pour un Weekend prévu dans le Yorkshire et lui indique qu'elle lui ferait savoir où elle allait. Mais la lettre ne s'arrête pas là, elle est l'expression de sentiments d'Agatha Christie face à sa situation personnelle**. Un contenu allant bien au delà d'instructions données à une secrétaire, comme une lettre écrite pour être lue par d'autres personnes que sa destinataire.

A Londres, vivait une amie d'enfance d'Agatha Christie, Nan Pollock, la soeur de James Watts (le mari de sa soeur Madge). Nan Pollock s'était remariée avec un certain George Kon, par ailleurs ami d'Archie*, avec qui il jouait au golf **.
Andrew Norman écrit "Quelle relation étroite Agatha avait-elle avec Nan Kon, qui était presque deux ans son aînée et qu'elle connaissait depuis son enfance ? Très proche selon Agatha."
Après les débuts difficiles au volant de sa Morris Cowley en 1924, Agatha Christie avait depuis lors sillonné en de nombreuses occasions la campagne anglaise et savait conduire avec une grande facilité dans les rues de Londres. Il lui arrivait aussi de conduire la voiture de son mari, un modèle de gamme supérieur, une Delage. "La Delage nous a donné à tous deux beaucoup de plaisir. J'ai adoré la conduire, (...)" dit-elle dans sa biographie.

Depuis Styles, une autre mystérieuse affaire

Le matin du vendredi 3, la romancière a pu se rendre à Londres afin d'obtenir de son amie Nan une seconde voiture pour la nuit suivante et convenir avec elle, et sans doute aussi avec Charlotte Fisher, du lieu de stationnement pour une substitution. Elle leur offre de participer à l'une de ses énigmes. Le mari de Nan était d'ailleurs parti de chez lui cette nuit-là. Le changement de voiture orchestré par Agatha Christie devant avoir lieu près de Newlands Corner. Il n'était pas possible de parler de ce projet en passant par une communication téléphonique.

Pourquoi Newlands Corner ? Parce que ce lieu élevé et connu se trouvait proche du célèbre et légendaire étang de Silent Pool et qu'Agatha Christie passait régulièrement auprès des deux pour rendre visite à sa belle-mère. Elle les connaissait.
Judith, la fille de Nan Kon, avait dix ans au moment de la disparition. Selon la biographe Laura Thompson, à la fin de sa vie, Judith a laissé filtrer quelques indications. Laura Thompson écrit* "Le matin du vendredi 3, elle (ndr. Agatha Christie) se rendit à Londres pour rendre visite à Nan et discuter du plan, avant de retourner à Styles pour le déjeuner."
On peut tout autant imaginer que l'héroïne de cette énigme non résolue depuis 1926 a sollicité cette nuit-là l'aide de son beau-frère Campbell Christie et que la lettre lui étant adressée qui a été postée le samedi 4 au matin ne soit qu'un leurre, envoyée uniquement pour donner le change. Comme dans les romans de détectives Campbell Christie n'est-il pas le personnage dont on parle le moins ? De plus il a détruit la lettre postée à Londres après l'épisode de Newlands Corner, pour ne conserver que l'enveloppe.

L'énigme de Newlands Corner

Le lancement d'une automobile depuis la colline de Newlands Corner en pleine nuit, en roue libre, parait difficile à réaliser, hasardeux, et pour tout dire peu vraisemblable. L'idée d'une descente au volant, avec les cahots, l'éclairage limité des lampes, le risque pour les pneus, tient davantage de la cascade pour un film. Or, la voiture retrouvée était peu abimée et sa propriétaire n'a pas subi la plus petite blessure corporelle.

Qu'entend-on dans la nuit du 3 au 4 décembre 1926 dans les environs de Newlands Corner ? Le silence de la campagne anglaise dans l'hiver déjà présent. Un silence pouvant être rompu par le cri d'un oiseau de nuit ou par l'aboiement d'un chien dans une ferme isolée. Ou encore par une voiture des années 20 pétaradant sur l'A25 vers minuit au sommet de la colline. Laura Thompson* rapporte qu'un témoin "a également fait référence à une gitane, (...) qui a dit qu'elle avait entendu une voiture se déplacer vers minuit sur le sommet de Newlands Corner."

Le soir du vendredi 3 décembre vers 21h45-22h, Agatha Christie se rend à Londres ou dans un lieu convenu du Sud-Ouest de Londres pour rencontrer la personne ayant accepté de conduire la seconde voiture et la précéder jusqu'à Newlands Corner. Les acteurs parviennent au croisement principal de Clandon et prennent l'A25 en direction de Newlands Corner (Shere Road). Vers minuit les deux voitures arrivent en haut de la colline, ce qui provoque un bruit inhabituel en cette nuit glaciale.
La seconde voiture est stationnée dans Trodds Lane, l'avant placé vers le village de Merrow. Agatha Christie ramène ensuite l'autre personne à Londres. Il est autour de 1h00 du matin. Elle peut se reposer quelques heures en attendant de repartir pour Newlands Corner.

Autour de 5h00 du matin, Agatha Christie arrive de nouveau à Newlands Corner. Cette fois-ci, elle continue vers Albury. Environ 1,3Km plus loin, juste avant Silent Pool, elle tourne à droite dans Water Lane, qui à cette époque est un chemin de terre, et qui, pour la partie longeant la carrière, semble l'être encore de nos jours. Puis elle roule jusqu'à l'endroit où sa voiture a été retrouvée. Elle la dirige sur sa gauche vers un buisson. Ou sur sa droite si elle a préféré tourner plus loin à droite vers l'A248 et remonter un peu plus loin à droite dans Water Lane.
La distance la séparant de la seconde voiture est d'environ 1,2Km. Le chemin qu'elle emprunte pour rejoindre Newlands Corner à pied est en pente ascendante. Agatha Christie emporte son attaché-case mais préfère laisser son manteau de fourrure dans la Morris Cowley pour s'alléger et pouvoir mieux se déplacer en marchant. De retour en haut de la colline de Newlands Corner, elle bifurque à gauche dans Trodds Lane. Elle sait que la seconde voiture est à proximité. Elle l'aperçoit, s'en approche et s'asseoit enfin à l'arrière pour se reposer un peu de son aventure nocturne.

A 6h20, Edward McAllister redémarre une voiture dont le moteur, trop froid, n'a pas pu être remis en route par Agatha Christie. La romancière s'éloigne ensuite vers Clandon puis vers Londres, pour rendre l'automobile à son propriétaire.

Avec cette hypothèse, la réponse à la question "Que serait devenue Agatha Christie si McAllister n'était pas passé à cette heure-là à vélo ?" est d'évidence qu'elle serait restée dans Trodds Lane à attendre le passage d'une autre personne. L'heure de son départ vers Londres devient relativement moins important. Qui pourrait, de ce côté de la colline, établir un lien entre cette femme en panne de voiture allant en direction de Merrow et une Morris Cowley abandonnée près d'Albury dont il ignore même l'existence ? L'inverse étant plus improbable encore.
La possibilité que la femme en panne dans Trodds Lane ne soit pas la romancière aurait seulement comme conséquence de différer le lieu où Agatha Christie a rejoint la seconde voiture.
En tout état de cause, l'hypothèse d'une seconde automobile relègue l'heure de 'l'accident' un peu au second plan de l'histoire. Peu importe l'heure, l'essentiel est que les protagonistes se soient concertés sur celle-ci.


Photo : Affiche de personne disparue du 9 décembre 1926. Diffusée par la police du Comté de Berkshire, dans lequel vivait Agatha Christie lors de sa disparition.
* Laura Thompson - Agatha Christie An English Mystery - Google Books
** Andrew Norman - The Disappearing Novelist - Google Books
° Wikipedia 
modifié le 08/12/20

24 avril 2019

La Morris Cowley d'Agatha Christie : Une si fidèle complice



Au début du mois de décembre 1926, le lieu pittoresque de Newlands Corner dans le Surrey est le théâtre d'un événement dont la presse anglaise et internationale se fait largement l'écho, la disparition d'Agatha Christie. (3e partie)

A quelques centaines de mètres du point de vue réputé, on découvre de très bonne heure une automobile abandonnée légèrement accidentée. A l'intérieur se trouvent différents objets personnels appartenant à Agatha Christie, dont une Licence de conduite à son nom. La propriétaire semble pourtant s'être évaporée. La voiture va-t-elle livrer ses secrets ?

Tôt le matin du 4 décembre 1926, Edward McAllister, présenté comme "un ouvrier de la mine", se rend à son travail à vélo. Il signale que vers 6h20, non loin de Newlands Corner, une femme sans chapeau et avec du givre dans les cheveux lui a demandé de l'aide pour démarrer sa voiture. McAllister raconte* : "Vers 6 h 20, samedi matin, j'ai vu une voiture avec une femme à l'arrière. Elle m'a dit : "Pourriez-vous démarrer ma voiture, s'il vous plaît ? J'ai dit : "Je vais essayer. Je suis descendu de mon vélo et j'ai démarré la voiture après quelques petits problèmes. Le radiateur était froid et les lumières de la voiture étaient allumées."
McAllister parle d'une automobile qu'il n'a pas vue à priori accidentée, dont la conductrice a simplement un problème de démarrage en raison du froid et avec une batterie qui n'est pas totalement déchargée, puisque les lumières "étaient allumées". Il est question ici des feux de position du véhicule, obligatoires en cette saison.

La voiture retrouvée peu après se trouve à faible distance de là, sur un chemin bordant une carrière, et quelques jours plus tard une pseudo reconstitution de l'accident est faite par la Police. Mais le véhicule utilisé est un modèle de la marque Dennis. "Ce qu'il y a d'intéressant à propos de cette voiture, c'est que Dennis avait une usine à Guildford, juste en bas de la route où Agatha Christie a disparu." nous dit le blog de David Fryer*. C'est ici tout ce qu'il peut y avoir d'intéressant puisque personne ne sait ce qu'il s'est réellement passé et le véhicule, qui est un impressionnant, et haut, landaulet, date d'avant 1915. David Fryer pense d'ailleurs qu'il pourrait avoir été fourni par l'usine.

A quoi ressemblait la voiture ?

Le modèle de Morris Cowley acheté par Agatha Christie reste une énigme. David Fryer indique "Il n'y a pas de photos publiées, pas de documents, pas de numéro d'enregistrement, et très peu de détails autres qu'une mention occasionnelle dans son autobiographie et ses interviews."
Même le Daily Mail, qui consacra en décembre 1926 plusieurs pages à l'incident, avec de nombreuses photos à l'appui, n'en publiera aucune de la Morris Cowley.

Pour David Fryer, il semblerait que l'automobile ait été rapidement enlevée par la police et envoyée au Sanford Garage à Guildford, "vraisemblablement avant que la presse ne soit alertée."
Selon une source citée par Andrew Norman**, la Morris Cowley serait arrivée au garage de Guilford le samedi 4 décembre après-midi. L'employé y jette un coup d'oeil. Outre la batterie déchargée, les dommages qu'il constate sont le capot légèrement endommagé, le câble du compteur de vitesse cassé, et une aile avant un peu pliée.

On ne possède donc aucune image de la voiture accidentée. Aucune photo n'aurait été prise, ni sur le lieu de l'accident, où elle serait restée jusqu'aux alentours de midi, ni dans le garage de Guilford, d'où elle en serait repartie dès le dimanche 5 décembre pour Sunningdale.

Le matin de l'événement les esprits s'étaient focalisés sur la disparition de la romancière et non sur sa pauvre voiture endommagée. En décembre 1926, le Daily Mail décrit le véhicule comme une voiture biplace (détail qui a été repris dans les journaux français de l'époque). A l'opposé, la description trouvée sur une affiche de recherche de la police du Berkshire, publiée le 9 décembre 1926 présente la Morris Cowley comme une "4 places".

Il n'existe pas de dates précises mentionnées dans les écrits ou les entretiens d'Agatha Christie sur l'année d'achat de sa voiture, acquise sur la suggestion de son mari, mais d'après David Fryer "son autobiographie offre quelques indices utiles"*.

On ne peut cependant pas prendre tous les éléments indiqués dans l'autobiographie d'Agatha Christie au pied de la lettre. Dans ses souvenirs elle associe parfois des faits qui ne se situent pas à la même époque. La mémoire de la romancière quand elle a écrit son autobiographie n'est plus si précise. Par exemple elle dit : "Anna l'aventurière était maintenant parue dans le Evening News et j'avais acheté ma Morris Cowley". Elle apprend à la conduire et ajoute "presque immédiatement la grève générale était sur nous, avant que j'aie eu plus de trois leçons avec Archie".

Anne l'aventurière est une adaptation sous forme de série de son quatrième roman, L'homme au complet marron, publié par son éditeur en août 1924. Après la sortie du livre en librairie, le journal londonien Evening News en achète les droits de publication sous forme d'un feuilleton quotidien, pour une somme de 500£. Quant à la grève générale en Angleterre, elle eut lieu en mai 1926.

Agatha Christie a-t-elle acheté la voiture en 1924 ?

La romancière possédait une Morris Cowley Bullnose. Et le plus surprenant dans toute cette affaire de disparition durant 11 jours, est que l'élément central de l'affaire, la voiture, reste un mystère. Les informations la concernant sont presque inexistantes. On ne sait rien de précis à son sujet.

En 1924, les Christie déménagent de Londres vers Sunningdale. Ils louent d'abord l'un des deux appartements des étages supérieurs d'une grande maison Victorienne du nom de Scotswood. Agatha Christie achète sa Morris Cowley peu après l'arrivée de la famille Christie à Sunningdale grâce aux 500 Livres Sterling gagnées. C'est seulement au début de 1926 que les Christie achètent leur propre maison, nommée ensuite Styles en référence au premier roman d'Agatha publié, La Mystérieuse affaire de Styles.

Agatha Christie débute la conduite de son automobile avec appréhension. La prise en mains est difficile et, probablement pour qu'elle se familiarise avec, son mari lui demande rapidement de le conduire à Londres.

Elle s'habitue ensuite peu à peu à rentrer dans son garage et de se mêler aux autres conducteurs "J'ai gagné un peu de confiance en moi et après trois ou quatre jours, j'ai pu pénétrer plus loin dans Londres et braver les dangers de la circulation. Oh la joie que cette voiture a été pour moi ! (...) L'un des plus grands plaisirs que j'ai eu en sortant avec la voiture a été d'aller à Ashfield et d'emmener maman faire un tour en voiture. Elle l'aimait passionnément, tout comme moi. (...) Je ne pense pas que rien ne m'ait donné plus de plaisir, plus de joie de réussir que ma chère Morris Cowley au nez de bouteille."

Quels autres indices peut-on trouver  ?



Pourquoi la presse de l'époque indique-t-elle que la Morris Cowley d'Agatha Christie est une deux places ?
Au travers des années, on a pu chercher dans les écrits de la romancière des éléments d'explication concernant les raisons de sa fugue durant 11 jours. Peut-on, parmi ce qu'a publié la reine du roman policier à énigme, trouver aussi des indices sur la voiture ?

En décembre 1924, soit précisément deux ans avant sa disparition temporaire, est publié au Royaume-Uni une nouvelle dans une revue. Dans cette nouvelle, La Métamorphose d'Edward Robinson***, on apprend que la romancière connaissait précisément un modèle de cabriolet dont le prix avoisinait les 500£. Le héros de l'histoire, Edward Robinson, "réfléchit aux moyens de dépenser les cinq cents livres qu'il vient de gagner dans un concours. Il sait ce qu'il veut en faire, du moins pour 465 de ceux-ci, acheter une voiture élégante, rapide, à deux places."

Agatha Christie a récupéré et conservé au moins jusqu'en 1930 sa voiture bien aimée et pourtant abimée en 1926. Durant les premiers mois où elle fréquente l'archéologue Max Mallowan, qu'elle a rencontré au Moyen-Orient, elle organise un pique-nique près de Torquay sur proposition de sa fille.
Elle raconte "(...) il était presque certain qu'il (ndr. le temps) allait être humide. Rosalind nous a proposé d'aller pique-niquer sur la lande. J'étais enthousiaste à ce sujet, et Max était d'accord, avec une apparence de plaisir.(...) J'avais l'habitude de conduire ma fidèle Morris Cowley, qui était bien sûr une voiture de tourisme ouverte, et qui avait une vielle capote avec plusieurs trous dans sa structure, de sorte que, assis à l'arrière, l'eau coulait régulièrement à l'arrière de votre cou. (...) Nous avons donc commencé et la pluie est arrivée. J'ai persisté, cependant, et j'ai parlé à Max des nombreuses beautés de la lande, qu'il ne pouvait pas tout à fait voir à travers la brume et la pluie battantes."
Il n'est pas précisé si Rosalind avait proposé à sa mère et son ami Max d'aller faire un pique-nique romantique ou si elle était présente. En tout état de cause, la Morris Cowley dont il est question est à quatre places.

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*   https://maximalist01.com/agatha-christie-and-the-mystery-of-the-missing-morris/
**  Agatha Christie: The Disappearing Novelist - Andrew Norman - Google Livres
*** Initialement publié au Royaume-Uni sous le titre The Day of His Dreams
Photos : Timbre: Amazon - Surrey Advertiser d'après SurreyLive (getsurrey.co.uk) - Modèle de voiture identique, d'après copie d'écran de https://www.museumoftechnology.com/news/aug2016/mmoc

26 mai 2017

Publicité insolite au royaume de la consommation

Suite à la fermeture de la plateforme des blogs de L'Obs, voici la copie d'un post de novembre 2016 :

Humour : Une publicité papier insolite au royaume de la conso

  
 
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PUBLICITE INSOLITE. Voilà ce qui arrive quand des épiciers vendent des appareils high-tech... 
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A la dernière page du prospectus Carrefour Market cité plus haut se trouvent deux produits, une tablette et un smartphone, équipés de l'une des récentes versions d'Android, la 5.1. Ici elle devient 5.1 Mpx, c'est-à-dire que s'ajoute une petite erreur amusante. Même pas une pub trompeuse, c'est eux qui se sont trompés. Mais qu'est-ce qu'ils ont aussi chez Android à nous embrouiller avec toutes leurs versions différentes que même les services marketing de Carrefour s'y perdent !
Il s'agit parfois de référence culturelle. Entre un processeur de 1.3 GHz, un moteur de 1.5 litre, un quad à 4 roues et un Quad core, certains peuvent confondre. Il y a même des sites qui mélangent le sens du mot digital avec celui de numérique. Merci en tout cas à ce distributeur, un peu épicier malgré tout, de nous faire sourire avec sa publicité.

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