Affichage des articles dont le libellé est New York. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est New York. Afficher tous les articles

02 novembre 2025

Disparition de Michele Harris : Onze ans de procédure pour un acquittement


Michele Anne Harris a disparu dans l'Etat de New York dans la nuit du 11 au 12 septembre 2001 et il s'agit sans doute de la disparition la plus passionnante de ces 25 dernières années. Seconde partie.

Au cours du premier semestre de 2001, après que Michele Anne Harris, 35 ans, eut rencontré Brian E., 23 ans, et demandé le divorce à son mari Cal, 39ans, ce dernier lui répète à plusieurs reprises qu'il ne la laissera pas divorcer. Un accord financier amiable est proposé par Calvin à Michele. Refusé, le ton monte. D'ailleurs, la nounou du couple s'est souvenue de plusieurs disputes bruyantes qu'elle entendait durant cette période. Les choses se passent mal et Michele raconte à ses sœurs une altercation au mois de mars au cours de laquelle Cal lui avait dit "qu'il n'aurait pas besoin d'une arme pour la tuer et que la police ne retrouverait jamais son corps." Au mois de juillet, elle laisse également son coiffeur écouter une conversation dans laquelle Cal menace de la tuer et de la faire disparaître.

De son côté, en juin 2001, Brian E. rompt avec sa petite amie de Philadelphie, s'installe à New York, loue un petit appartement à moins d'un kilomètre des parents de Michele, lui confie une clé et comme elle avait repéré une maison blanche sur Main Street à Owego, près de l'école où allaient ses enfants, il verse la moitié de l'acompte de 10.000 $ sans même avoir visité la maison. Michele, pour sa part, au cours de cette période, entretient notamment, durant deux mois, une relation avec le manager du restaurant où elle est employée.

Après le 11 septembre

Peu après après 7h, le matin du 12 septembre 2001, c'est la nounou des Harris qui aperçoit la première le monospace Ford doré de Michele alors qu'elle arrive en urgence. Cal vient de lui téléphoner pour l'aider à préparer les enfants pour l'école, Michele n'étant pas rentrée du travail depuis la veille au soir. Le véhicule est stationné sur le bord de la route, devant l'allée menant à la propriété des Harris. Une allée qui serpente à travers champs et bois sur 400 m, rendant impossible de voir la route depuis la maison. La nounou se gare pour jeter un œil. Les portes sont déverrouillées et les clés sont sur le contact.

Informé, Cal Harris souhaite récupérer la voiture et tous deux retournent sur la route pour l'inspecter. Le mari confirme à la nounou que Michele devait partir pour New York, comme elle le lui avait dit. La nounou est sceptique puisque la voiture de Michele est là. Cal suggére qu'elle a peut-être fait de l'auto-stop.

Les événements s'enchaînent. La nounou appelle une amie de Michele et lui demande si elle sait où elle se trouve, l'amie l'ignore et appelle l'avocat de Michele, parce qu'elle avait un rendez-vous avec lui dans les jours suivants. Mis au courant de la situation, après un appel chez Lefty's et un autre sans réponse sur le portable de sa cliente, l'avocat signale la disparition à la police d'État.

La dernière fois qu'elle a été vue, Michele Harris était vêtue d'un short kaki, de baskets blanches, d'un polo bleu marine à rayures rouges et blanches avec le logo "Lefty's", d'une montre Rolex en or et en argent et de nombreux bijoux (bague de fiançailles diamant 2 carats, bagues, boucles d'oreilles et bracelets).

Le 12 septembre 2001, la majorité des agents et enquêteurs de la région ayant été transférés par bus à New York pour renforcer la sécurité et les effectifs suite aux attentats, la police d'État du comté de Tioga disposait de ressources bien plus limitées que d'habitude. Deux enquêteurs restés sur place se rendent à la concession automobile Ford d'Owego. Ils sont dans le bureau de Cal à 9h40.

L'enquête ne réunit aucun élément de preuve contre les hommes présents autour de Michele Harris dans les dernières heures avant sa disparition. Diverses perquisitions ne révèlent rien. Le manager de Lefty's, l'autre homme (un ami à lui) et Brian E. sont mis hors de cause. Ce dernier avait quitté sa petite amie pour construire une vie de couple avec Michele. En décembre 2001, Brian est retourné à Philadelphie et a épousé son ancienne petite amie et ils se sont installés dans le comté de Tioga en 2002.

Il ne reste alors que le mari comme suspect, d'autant que des gouttelettes de sang sont repérées le 14 septembre au domicile des Harris par l'un des deux enquêteurs de la police d'État. Entrant pour la première fois dans la maison par la porte de garage ouverte, il remarque des taches séchées sur le mur du garage et découvre des taches rouges séchées de l'autre côté de la porte et sur les moulures. D'autres petites taches de sang sont découvertes. Des investigations plus poussées révélent des taches similaires sur le carrelage dans le hall d'entrée et la cuisine, près du garage. Il s'agit de sang humain.

Le pickup et le quad de Cal sont fouillés, et la voiture de Michele est minutieusement inspectée. Aucun sang n'est trouvé dans les véhicules. On retrouve par contre le téléphone portable de Michele et un sac noir contenant les bijoux.

Quatre ans plus tard, une série de procès pour Cal Harris

Le 30 septembre 2005, un grand jury du comté de Tioga inculpe Cal Harris pour meurtre au second degré de son épouse. Il est arrêté devant ses employés, menotté et entravé par des fers aux jambes.

Durant le premier semestre 2006, l'avocat de Cal Harris a tenté de contester l'acte d'accusation, déposant une requête demandant à avoir la communication de la transcription des délibérations et demandé le rejet de l'accusation, jugée juridiquement et factuellement insuffisante. Peu après, l'accusation a remis à la défense 12 000 pages de pièces, dont l'intégralité de la transcription des délibérations du grand jury.

27 juillet 2006 : Le procès est ajourné à janvier 2007 à la demande de l’avocat de Cal Harris afin de permettre à la défense d'examiner les documents.

15 décembre 2006 : Le juge du comté de Tioga, informe l'avocat de la défense et le procureur du comté de Tioga qu’il prononcera un non-lieu pour Cal Harris. 

18 décembre 2006 : Le procureur demande au juge de se récuser, l’accusant de favoritisme envers Harris et lui-même. Le juge nie les accusations, mais se retire de l’affaire. 

19 décembre 2006 : Un nouveau juge, du comté de Broome, est désigné par les autorités judiciaires de l’État pour présider l’affaire. 

28 janvier 2007 : Le nouveau juge rejette l’acte d’accusation pour meurtre venant du procureur. Dans une ordonnance du tribunal, il indique que le procureur a demandé au premier juge de se récuser afin d’empêcher le rejet de l’acte d’accusation. Afin de se prémunir contre la possibilité que cette décision soit infirmée en appel, le nouveau juge a examiné les transcriptions du grand jury et, bien qu'il partage l'avis du premier juge sur les faits allégués qu'il estime juridiquement suffisants, il considère que l'acte d'accusation est vicié et doit être rejeté. 

En effet, les témoignages recueillis auprès de beaucoup parmi les 27 témoins appelés à la barre contenaient de nombreux éléments de preuve qui ont été mis en avant qui étaient irrecevables : 

Par exemple "leurs opinions et spéculations sur l'état du mariage des Harris, et sur Cal et Michele en tant que personnes, parents et époux." Ainsi que "La fortune, le caractère et les qualités de Cal en tant qu'homme d'affaires et employeur, ainsi que les projets de Michele après le divorce". Et puis "Un témoin a même été autorisé à dire aux jurés s'il pensait que Cal l'avait tuée." Et même "L'avocat de Cal lors de son divorce, parmi d'autres témoins, a également été autorisé à témoigner sur de nombreux points qui ne relevaient pas des exceptions à la règle du ouï-dire." Le juge "a déclaré que tout cela était clairement intentionnel de la part du procureur." 

Divers autres détails ont conduit le procureur à soumettre l’affaire à un autre grand jury.

26 février 2007 : Cal Harris est de nouveau inculpé pour meurtre au second degré. 

21 mai 2007 : Le procès pour meurtre s’ouvre devant le tribunal du comté de Tioga avec la sélection du jury.

7 juin 2007 : Un jury déclare Harris coupable de meurtre au second degré. Le prononcé de la sentence est prévu pour le 24 août. Le 8 juin, Kevin T., un ouvrier agricole qui vivait près des Harris, prend un journal laissé sur le tableau de bord de son pickup et aperçoit en première page un article concernant Cal Harris avec la photo de Michele. Il se produit un déclic et il la reconnait comme étant la femme qu'il a aperçue tôt le matin du 12 septembre 2001. L'article indique que Michelle Harris a été vue pour la dernière fois le 11 septembre. Or lui la reconnait comme la femme qu'il avait aperçue près de l'allée des Harris, le matin du 12 septembre 2001. Il l'avait vue sur la route, à côté d'un autre véhicule, une camionnette, à proximité de laquelle un homme se disputait avec Michele. Ce jour-là, Kevin T. appelle de suite l'avocat de Cal Harris.

Sur cette carte OpenStreetMap, on voit Elmira, Waverly, Owego. Smithboro est un peu à l'est de Waverly. La propriété des Harris se trouve quelque peu au nord (lieu marqué d'un point rouge).
 

Kevin T. expliquera plus tard qu'il s'était levé vers 5h30 ce matin-là pour aller travailler "alors que le ciel était encore sombre, sauf à l'est." L'homme devait tirer une remorque à foin avec sa camionnette dont les freins étaient en mauvais état, il roulait donc lentement. Il pense être passé devant l'entrée des Harris et avoir aperçu Michele et l'homme non identifié vers 5h45 "alors que le ciel était devenu bleu mais que la luminosité était encore suffisante pour nécessiter l'utilisation des phares.".

Juin/juillet 2007 : L'avocat de Cal Harris dépose une requête auprès du juge pour faire annuler le verdict de culpabilité. Le document cite le témoignage de Kevin T. La réponse du procureur à la requête de l'avocat de la défense dépeint T. comme un délinquant.

24 août 2007 : Harris doit être condamnée par le tribunal du comté de Tioga. Kevin T. et ses parents témoignent de l'itinéraire emprunté ce jour-là en audience publique. Kevin T. affirme avoir, le 12 septembre 2001, vu une femme qu'il pense au moment être Michele Harris, en compagnie d'un homme d'une vingtaine d'années près d'un pickup, à proximité de l'entrée de l'allée des Harris, vers 5h30. Ce témoignage se situe environ six heures après que Cal Harris aurait tué sa femme. Le nouveau juge reporte le prononcé de la sentence.

2 novembre 2007 : Se fondant sur le témoignage de Kevin T., le juge annule la condamnation de Cal Harris pour meurtre et libère l'homme d'affaires sous caution de 500.000 $. Un nouveau procès est ordonné. Ce même mois, un autre homme, John S. écrit au tribunal et déclare être lui aussi passé devant la maison des Harris (ndr. l'entrée) à peu près au même moment et qu'il a vu un homme et une femme se disputer près de deux véhicules. Puis il dépose une déclaration sous serment reprenant en majorité les allégations de Kevin T., tout en ajoutant avoir entendu l'homme crier : "Monte dans cette foutue voiture !"

Octobre 2008 : John S. décède, l'empêchant d'être contre-interrogé. "Son témoignage est donc jugé irrecevable par le tribunal et est qualifié de ouï-dire." Ces éléments ne modifient rien et un second procès est fixé à 2009.

18 février 2009 : Un nouveau juge, d'un autre comté, est désigné pour présider le second procès pour meurtre. 

13 juillet 2009 : Début de la sélection du jury pour le nouveau procès. 

5 août 2009 : Le jury déclare Harris coupable du meurtre de sa femme pour la seconde fois. 

5 octobre 2009 : Cal Harris est condamné à une peine de 25 ans dans une prison d’État. 

10 janvier 2011 : La cour d’appel de l’État examine l’appel de Harris contre sa deuxième condamnation. 

28 juillet 2011 : Par une décision de 3 contre 1, la cour d’appel de l’État rejette l’appel de Harris contre sa condamnation de 2009. La cour d'appel confirme ainsi la condamnation, la jugeant fondée sur les faits et le droit, et conforme à la procédure. Harris se pourvoie en cassation.

11 septembre 2012 : La Cour de cassation de l’État de New York examine l’appel de Harris.

18 octobre 2012 : La Cour d’appel de l’État reconnait que le jury a agi de manière raisonnable, malgré la dissidence d'un juge, mais infirme la décision sur les questions de procédure et casse la condamnation de Harris pour meurtre au second degré, ouvrant la voie à un troisième procès.

25 octobre 2012 : Cal Harris est présenté devant le tribunal du comté de Tioga et libéré sous caution de 500.000 $. 

14 janvier 2014 : La division d’appel de l’État fait droit à la demande de changement de juridiction pour le troisième procès. L'affaire est transféré de nouveau dans un autre comté.

22 janvier 2015 : Début de la sélection du jury pour le troisième procès de Cal Harris. "La défense avait découvert de nouveaux éléments de preuve venant étayer son argument selon lequel la police d'État s'était concentrée sur Cal, excluant tout autre suspect." En effet, les collègues du restaurant où travaillait Michele se souvenaient d'un Texan qui venait souvent et que Michele avait pris en stop à une occasion. Stacy S. était venu du Texas pour travailler à une nouvelle aciérie d'Elmira. Son ancienne petite amie affirma que ce dernier lui avait confié plusieurs choses curieuses dont le fait d'avoir été la dernière personne à avoir vu Michele vivante. L'homme, reparti au Texas, est introuvable.

Le Tribunal entend de nouveau Kevin T. pour étayer la thèse de Stacy S. Le témoin déclare se souvenir parfaitement de la scène, il roulait lentement et avait davantage ralenti en dépassant les deux véhicules, la position du pickup l'ayant obligé à le contourner. Kevin T. identifie S. sur une photo qu'on lui présente et décrit en détail son pickup, un Chevrolet noir ou bleu foncé correspondant au modèle que S. conduisait au moment. L'accusation fait de nouveau ressortir la pénombre de l'heure matinale et le témoin maintient sa version.

15 mai 2015 : Le procès est déclaré nul, les jurés n’ayant pu parvenir à un verdict unanime. Un quatrième procès est ordonné. 

31 mars 2016 : Cal Harris ayant cette fois-ci opté pour un procès sans jury, les plaidoiries d’ouverture sont prononcées devant un autre juge. 

29 avril 2016 : Le juge autorise la défense à plaider la responsabilité de tiers, afin de prouver que Stacy S. et Christopher T., ouvriers sidérurgistes texans résidant dans le comté de Tioga en septembre 2001, étaient responsables du meurtre de Michele Harris. La défense soutient que cela disculperait Cal Harris. 

19 mai 2016 : Après avoir entendu les plaidoiries finales, le dernier juge entame ses délibérations. 

24 mai 2016 : Le juge annonce à une salle d’audience comble qu’il déclare Cal Harris non coupable de meurtre au second degré. Après environ douze heures de délibération, le juge a rendu son verdict et Cal Harris est désormais libre. 

Ainsi, au terme de quatre procès et des différents appels, au cours de onze années de procédure, dans deux comtés, sous la présidence de cinq juges, issus de quatre comtés différents, Cal Harris a été définitivement acquitté du meurtre au second degré de son épouse, Michele Anne Harris.

Michele Harris est toujours portée disparue.

A suivre...

Ce texte a été réalisé à partir de https://en.wikipedia.org/wiki/Disappearance_of_Michele_Anne_Harris, https://eu.pressconnects.com/story/news/local/2016/05/27/cal-harris-timeline/85036744/, https://charleyproject.org/case/michele-anne-harris, ainsi que d'autres sources américaines.

Photo : Pexel/Pixabay

29 octobre 2025

Michele Anne Harris reste introuvable depuis le 11 septembre 2001

 


Etats-Unis, le 11 septembre 2001. Michele Anne Harris, 35 ans, vit dans l'Etat de New York et disparait au cours de la nuit suivant les attentats terroristes. Il s'agit d'un mystère non encore résolu à ce jour. Dans ce cas de disparition, on rencontre de nouveau une mère de famille se trouvant dans une période de changement de vie et l'absence de corps. Une affaire étonnante à cheval sur un milieu aisé et sur une situation financière difficile dans laquelle le mari est, là encore, soupçonné d'avoir fait disparaitre la mère de ses enfants. Une histoire fleuve dans laquelle, après quatre procès oscillants entre condamnations et acquittements, les prolongements nous parviennent jusqu'en octobre 2025.

Le cas Michele Anne Harris

En fin de journée, le 11 septembre 2001, à Waverly, Michele Anne Harris termine son service chez Lefty's, un restaurant où elle travaille comme serveuse. Avant de partir, elle prend un verre sur le grand parking attenant au restaurant en compagnie d'un collègue et d'un autre homme. Elle se rend ensuite chez son petit ami à Smithboro, lieu d'où elle part peu après 23 heures. Le lendemain matin 12 septembre, son véhicule est retrouvée vide sur le bord de la route, à proximité de la maison d'Owego qu'elle partage avec ses enfants et son ex-mari Calvin. Michele Anne Harris a disparu.

Waverly se trouve au nord-est de New York à la limite de l'Etat de New York et de la Pennsylvanie

Cal Harris, un attaquant vedette et joueur titulaire des équipes masculines de Lacrosse du Hobart College, rencontre Michele Anne Taylor alors qu'elle travaille dans le comté de Tioga comme secrétaire au sein de l'une des concessions automobiles appartenant à la famille Harris. Calvin Harris et Michele se marient en 1990 et s'installent à l'extérieur du village de Spencer, dans un domaine de 102 hectares. Le premier des quatre enfants du couple est né en 1994.

Cinq ans plus tard, en 1999, Michele, est enceinte pour la quatrième fois. Elle découvre que son mari a une liaison avec une autre employée de la concession automobile. Confronté à l'existence de cette liaison, Cal lui promet d'y mettre fin. Pourtant, ce n'est ensuite pas le cas et Michele apprend plus tard que son mari a renoué avec sa maîtresse lors d'un voyage de vacances au soleil en mars 2000. Elle cesse alors de partager le lit conjugal et commence à dormir sur le canapé. Cette rupture se produit en octobre 2000.

***

Fin novembre 2000, Michele Anne Harris rencontre dans un bar un jeune géomètre de Philadelphie, Brian E. Il est de passage dans la région pour une partie de chasse. C'est le coup de foudre et Michele débute avec lui une relation secrète qui s'intensifie au fil des jours. Ni son mari, ni ses enfants ne sont mis au courant.

***

Début 2001, Michele demande le divorce à son mari. C'est l'époque des fréquentes disputes bruyantes et des tentatives de sa part de convaincre la famille de Michele de la dissuader de divorcer. Il lui répète à plusieurs reprises qu'il ne la laissera pas divorcer. En juin 2001, Calvin est condamné à verser 400$ par mois à Michele et doit continuer de payer les dépenses liées à la maison jusqu'au prononcé du divorce. Il est également condamné à remettre toutes ses armes à ses frères et à son père jusqu'à ce que le divorce soit prononcé et que Michele ait déménagé. A ce moment-là, il lui propose qu'elle ait la garde exclusive des enfants et un accord financier substantiel, ce qu'elle refuse.

Les paiements versés par Cal Harris à Michele complétent ce qu'elle gagne grâce à un emploi de serveuse à temps partiel chez Lefty's, un restaurant situé à Waverly, où elle avait commencé à travailler en avril.

De son côté, Brian, l'amant de Michele, quitte sa petite amie et loue un petit appartement à Tioga, à moins d'un kilomètre de chez les parents de Michele. Le jeune homme a la ferme idée que Michele allait se marier avec lui après son divorce. Cependant, si elle souhaitait réellement une relation à long terme avec Brian, elle s'était confiée auprès d'amis qu'elle n'avait pas l'intention de l'épouser. Il lui donna les clés de sa maison pour qu'elle puisse y laisser quelques affaires et sortir ses chiens s'il travaillait tard, et certaines nuits elle pouvait s'y rendre après son travail, qui finissait parfois à 2h30 du matin.

Brian E. n'était pas le seul homme qui intéressait Michele au moment. Pendant deux mois, elle avait eu une relation* avec le manager de Lefty's, Michael K. dont elle n'avait parlé à personne. C'était l'un des deux collègues avec qui elle avait pris un verre le soir avant sa disparition. Il serait aussi question de deux autres hommes avec qui Michele aurait eu une liaison à cette époque.

La tension chez les Harris s'apaisa en août. Cal avait proposé à Michele 80.000 dollars par an comme pension alimentaire pour elle et les enfants, ainsi que la garde des enfants. Par l'intermédiaire de son avocat, elle demanda une évaluation judiciaire de son entreprise et le procès fut fixé au 22 octobre. Dans les premiers jours de septembre, Michele semblait plus heureuse, elle avait décidé d'accepter l'offre de Cal, sans l'avoir encore informé.

La disparition

On sait que le 11 septembre 2001 vers 14h30, la mère de famille est en retard pour son travail. Elle n'est pas encore complètement habillée et a mal à la tête. Elle le dit à la baby-sitter qui arrive chez les Harris vers 15h. Son uniforme de travail est encore au sèche-linge. Les circonstances étaient en lien avec les attentats terroristes du matin. Elle en avait été affectée comme tout le monde et de plus, les tragédies s'ajoutèrent à ses propres inquiétudes. Michele devait en effet revoir son avocat le 12 septembre et souhaitait se rendre à New York la seconde semaine de septembre. Or, les déplacements vers New York avaient été sévèrement restreints. Michele avait prévu de rendre visite à un ami d'université et surtout elle devait vendre ou mettre en gage certains de ses bijoux, notamment sa bague de fiançailles. Elle aurait eu à ce moment-là des problèmes d'argent et devait en plus verser la moitié de l'acompte sur la maison qu'elle et Brian avaient convenu d'acheter à Owego.

Ce soir-là, son service de serveuse se termine à 21h. Assise sur le parking, elle prend un verre avec deux personnes. Tous trois discutent durant une heure des attentats terroristes de la journée avant de se séparer. Michele Harris prend ensuite la route pour l'appartement de Brian à Smithboro, un hameau situé à une quinzaine de kilomètres à l'est de Waverly. Elle y reste une heure de plus, partageant un verre avec Brian et expliquant comment les attentats de la journée lui avaient permis de prendre du recul sur ses propres problèmes. Selon Brian E., elle repart de chez lui entre 23h et 23h30.

A suivre.

* Probablement peu de temps après avoir été engagée comme serveuse en avril, puisqu'en septembre leur relation était déjà terminée.

Modifié le 02/11/25 pour inclusion d'âge. Les sources de cette affaire particulièrement complexe seront précisées à la fin de la seconde partie.

20 février 2023

Xavier Dupont de Ligonnès : Parti pour de bon ?

 

Depuis son départ de Nantes, c'est un  Xavier Dupont de Ligonnès décidé qui a sillonné l'Ouest et le Sud de la France. Logeant d'abord dans des hôtels économiques puis dans une luxueuse bastide avec restaurant gastronomique et retournant ensuite aux établissements à bas coût, parcourant un long trajet par l'autoroute à péage et le lendemain retirant modestement 30 euros de la Caisse d'Epargne, son comportement pourrait surprendre. L'homme semble alterner dépenses inconsidérées et manque d'argent. Cela aurait d'ailleurs été une habitude de vie.

Des distributeurs alimentaires se trouvent à l'époque en face du DAB de Roquebrune-sur-Argens

Dans cette affaire non résolue, certains détails n'ont rien de mystérieux. Un exemple. Qu'y aurait-il de mystérieux à ce que Xavier Dupont de Ligonnès, dont on nous dit qu'il avait travaillé comme commercial pour une entreprise située à Monaco, ait pu obtenir, et conserver, d'autant plus auprès d'une banque française, un compte bancaire dans l'agence se situant dans le pays du siège de l'entreprise ? Point de mystère ici.

Xavier Dupont de Ligonnès aurait clôturé, nous dit-on au début de l'affaire, l'ensemble de ses comptes bancaires. La question qui vient immédiatement à l'esprit est : Avait-il un compte-joint avec son épouse ? L'école des enfants a reçu un solde de tout compte. Le bail de la maison a été résilié. Est-il allé jusqu'à résilier les compteurs eau et électricité étant locataire en communiquant les index des compteurs ? Les factures seront émises plus tard et ce détail montre que, dans cette complexe affaire Dupont de Ligonnès, l'accent à d'abord été mis par le père de famille sur des éléments en lien avec l'absence à l'école ou au travail.

Xavier Dupont de Ligonnès disparait

Comme évoqué précédemment, l'étrange fuite de Xavier Dupont de Ligonnès n'en serait pas une (du moins ne s'agirait-il alors que d'une "errance"). Il a été précisé que ce n'est pas une fuite mais un parcours pour son travail, pas une fuite mais une escapade, pour s'échapper (lentement), pas une fuite parce que, copiant sur John List, Dupont de Ligonnès s'est retrouvé avec du temps devant lui avant de disparaître. S'est-il lui même accordé ce délai ou lui a t-il été imposé par la réservation d'un billet d'avion ?

Au début de l'Affaire Dupont de Ligonnès, dès qu'il a été rendu public que l'homme recherché avait quitté le Formule 1 en cours d'après-midi "portant un sac à dos et en bandoulière une housse de costume", l'intime conviction de l'auteur, ignorant d'ailleurs qu'il pouvait exister des housses de costumes se portant "en bandoulière", allait vers le plus simple raisonnement.

Après avoir quitté le Formule 1, Xavier Dupont de Ligonnès se rend à pied à l'aire de Canaver située plus à l'Est sur l'autoroute A8. Pour cela, il emprunte durant quelques kilomètres la nationale 7 vers Puget-sur-Argens puis le Chemin du Jas de Pellicot. Plus tard, peut-être le 16 avril, il demande à un chauffeur routier étranger de l'emmener. Soit pour prendre l'avion à Toulouse Blagnac, où il s'était arrêté quelques jours plus tôt, puis ensuite vers la Belgique, soit pour aller en Espagne. Hélas, trois fois hélas, un témoin l'aperçoit marchant à Roquebrune sur un chemin situé face à l'hôtel, de l'autre côté de l'A8, Chemin des Châtaigniers !

Dans ce cas, après son passage dans le tunnel sous l'A8, qu'aurait pu faire XDDL ? Prendre l'autocar au vu de l'arrêt qui s'y trouve ? Sur ce, au début de l'affaire, l'hypothèse qu'il s'est suicidé l'emporte et l'on ne cherche pas Xavier Dupont de Ligonnès mais son corps.

***

L'hypothèse incoupçonnée n'est donc pas totalement l'idée de l'auteur, il s'agit d'une version créée à partir des éléments connus, du terrain et surtout des témoignages de personnes ayant crû apercevoir le père de famille recherché. Et parmi tous les témoignages de ces dernières années, seulement deux ou trois ont vraisemblablement vu Xavier Dupont de Ligonnès.

Le matin du 16 avril, l'homme, qui se rase habituellement la tête d'avril à septembre, a modifié son apparence physique. Ayant réservé une place auprès d'une compagnie aérienne quinze jours trois semaines avant son vol pour bénéficier d'un tarif avantageux, il s'élance sur la route nationale 7 à la sortie de Roquebrune-sur-Argens, pour une vie de routard d'une dizaine de jours. Avant de partir définitivement, il profite encore quelques temps de la région, marche le long de la célèbre route des vacances et pense à l'autre voie mythique, la route 66.

Du 16 au 21, il se déplace sans que quiconque puisse se douter de quoi que ce soit le concernant. Six jours durant lesquels, selon ses horaires de déplacements, il peut éventuellement faire de l'auto-stop. La disparition prise en compte le 19, la scène d'horreur découverte seulement le 21, et loin de la Provence, ne peut pas, avant cette date, éveiller l'intérêt dans cette région que le suspect présumé puisse s'y trouver.

Cependant, dès le 21 avril, l'affaire prenant alors une tournure dramatique dans les médias, Xavier Dupont de Ligonnès choisit probablement de circuler la nuit. Avec l'hypothèse d'un périple de XDDL le long de la RN7, et dans le sens Est-Ouest, il se trouve déjà loin de Fréjus quand on le localise à cet endroit. A-t-il poussé son errance jusqu'au nord d'Aix-en-Provence, endroit se trouvant noté avec une croix parmi d'autres sur une carte trouvée sur son réfrigérateur à Nantes ? Son trajet le conduit-il dans un lieu de retraite comme il en existe dans les environs, un lieu où le comte de Ligonnès devient Monsieur Dupont, un inconnu ?

L'inconnu du Sud

C'est un homme un peu étrange qui surgit de nuit le 26 avril 2011 à Lançon-Provence. Il est 2h44 et il apparaît à la station-service Total située sur l'aire autoroutière après le péage. De grande taille, d'environ 50 ans d'âge, cheveux grisonnants, portant des lunettes et barbe d'un jour, l'inconnu s'éternise entre les pompes à carburant et la boutique. 

A un moment, il est remarqué par deux clients venus faire le plein. Il attire leur attention parce qu'il a posé à ses pieds quatre sacs cabas de couleurs différentes, et l'un des deux clients trouve qu'il ressemble à l'homme qui a tué toute sa famille à Nantes. Il est remarqué aussi par la caissière de la station-service de par ses allées et venues et puis il vient lui demander un café promotionnel gratuit. De plus elle note qu'il lui manque une dent. Et il manque en effet une dent à Xavier Dupont de Ligonnès, ce que la caissière ignore au moment, comme tout le monde.

L'inconnu finit par monter dans le Volkswagen Combi d'un autre client de la station-service, venu lui aussi de nuit. Il ignore tout du drame de Nantes, et emmène l'auto-stoppeur pour quelques kilomètres jusqu'à une sortie d'autoroute permettant à son passager peu loquace de se rendre à son but : la gare d'Aix-en-Provence, pour prendre le train. Le conducteur du Combi note que l'homme ne sent pas très bon, a une barbe naissante et il le dépose un peu plus tard, entre 4h00 et 4h15, à une sortie d'autoroute dont il ne se rappellera plus précisément le numéro, selon lui la 30 ou 31.

La sortie 30 permet d'entrer dans Aix-en-Provence au plus près de la gare SNCF. Pour s'y rendre, l'inconnu a deux choix. Il peut emprunter la rue Pierre Brossolette se trouvant face à lui et descendre un escalier à droite dans la rue des Belges pour arriver par un côté. Il peut aussi préférer la rue de la Fourane située un peu plus loin à droite. Sur la gauche, elle donne vers l'Avenue Robert Schuman et permet d'atteindre la gare par l'autre côté. Une nouvelle Avenue Schuman, trois semaines après le début de la tuerie de Nantes. Le monde est petit.

Il est à préciser la chronologie suivante. De la date des exécutions à Nantes le 7 avril à l'arrivée de Xavier Dupont de Ligonnès à Roquebrune-sur-Argens le 14, il s'est passé une semaine. Jusqu'au repérage de sa voiture par les gendarmes le 21, il s'est passé une deuxième semaine, et jusqu'à la dernière image que l'on a de l'inconnu à la gare SNCF d'Aix-en-Provence, une troisième semaine s'est écoulée. Moins une journée. Mais, avec sa réservation, XDDL n'est pas encore parti de France.

L'inconnu, dont la ressemblance avec Xavier Dupont de Ligonnès est frappante, est filmé par les caméras de surveillance sur le parvis de la gare d'Aix-en-Provence à 6h00. Il achète un billet de trajet local et, moins d'une demi-heure plus tard, disparait des radars après s'être glissé parmi les passagers matinaux du premier train pour Vitrolles. A peine réveillés et tout à leurs soucis du quotidien, les autres passagers ne font guère attention à lui.

Exemple en 2023

Le mardi 26 avril 2011 vers 8h00 du matin le train dans lequel l'inconnu du Sud a pris place arrive à la gare SNCF Vitrolles Aéroport Marseille Provence. Pour aller directement à l’aéroport il monte dans une navette stationnée devant la gare. Parvenu au terminus, il se rend dans les toilettes de l'aéroport pour se changer et prendre soin de son apparence avant de se diriger vers une salle d'embarquement. Un peu plus tard, l'avion pour Bruxelles dans lequel il se trouve s'élance sur la piste.

***

Il est utile de préciser que l'hypothèse retenue est une option. Une option souhaitant coller au plus près du vraisemblable. Il y en a d'autres, Nice ou Madrid. Marseille vers le Canada. Aucune n'est meilleure qu'une autre. Sauf que, en excluant le départ dans les jours suivant le drame de Nantes, toutes font nécessairement appel à une nouvelle identité. Et l'hypothèse présentée va même plus loin, elle fait appel à deux nouvelles identités. Une française et une américaine. Sur la base des nombreux voyages antérieurs aux Etats-Unis de Xavier Dupont de Ligonnès, et ceci sur une longue période de temps. Sur la base des nombreux contacts qu'il avait aux USA, élément qui a été précisé par le parrain de Benoît dans les premières années après le drame et s'est trouvé confirmé ultérieurement. Sur la base de l'obligation pour ses déplacements d'avoir un passeport, et du fait que chaque membre de la famille devait en posséder un, associé au nécessaire renouvellement de ces documents à date de validité limitée, et sur la base qu'il a donné un nom d'emprunt dès le premier soir à l'hôtel de Puilboreau, alors que ce n'était pas utile pour lui de cacher son identité, on peut émettre l'hypothèse que Xavier Dupont de Ligonnès, qui reste présumé innocent du drame de Nantes, est parti aux Etats-Unis avec des faux papiers d'identités. Et il est permis de penser que ceux-ci n'étaient pas forcément récents. En tout état de cause, il a disparu. Il s'appellera donc maintenant John Robert Doe.*

L'américain

L'avion de Bruxelles à New York dans lequel a embarqué John Doe se pose plusieurs heures plus tard au Liberty International Airport de Newark, dans le New Jersey. C'est à Newark qu'est né le célèbre romancier Harlan Coben et c'est non loin de là que John List a tué toute sa famille avant de disparaître quarante ans plus tôt. De plus, l'aéroport est situé à 11 km à l'ouest de la Statue de la Liberté. Et c'est un grand vent de liberté que respire John Doe en descendant de l'avion.

Où est allé John Doe après son arrivée aux Etats-Unis ? Si Xavier Dupont de Ligonnès possédait plusieurs comptes bancaires ainsi que différentes cartes de paiement, John Doe, de son côté, ne dispose plus que de quelques dollars. Aux Etats-Unis, il va modestement vivre de petits boulots et il pourra prochainement, tout comme Xavier Dupont de Ligonnès sur la route Nationale 7, envisager faire un road trip le long de la route 66 et ainsi réaliser pleinement son rêve américain

Depuis le New Jersey les possibilités d'existence sont multiples. Il peut, depuis l’aéroport de Newark, se rendre vers l'ouest directement à San Francisco, décider de vivre quelques temps à New York, faire la route au nord jusqu'à Chicago en passant par Cleveland, se rendre vers le sud en Floride en traversant la Virginie, s'arrêtant au passage en Georgie où il pourra y saluer d'anciennes connaissances, ou certaines connaissances d'amis, qui se souviendront peut-être de lui sous son ancien nom, ou d'un autre, et éventuellement lui trouver un travail, par exemple dans un restaurant ou comme vendeur de voitures d'occasion.

Si, le moment venu, John Doe décide de traverser les Etats-Unis par la route 66, de la parcourir entièrement, il devra commencer par l'une de ses extrémités. N'ayant rien à voir avec une route des vacances comme la Nationale 7, au contraire, la route 66 permettait à sa grande époque de traverser les Etats-Unis pour une migration économique. Les nostalgiques peuvent toujours revivre l'aventure des pionniers et découvrir, par exemple, les légendaires stations-services ou les restaurants typiques américains situés le long de cette voie mythique.

La particularité de la route 66 est qu'elle va de Chicago dans l'Illinois à Santa Monica Los Angeles en Californie. Or, après New York qui est la ville la plus peuplée des USA, la seconde et la troisième sont respectivement Los Angeles, où se termine la route 66, et Chicago, où elle débute historiquement. Or, depuis la disparition du père de famille recherché après la tuerie de Nantes, il existe deux observations vraisemblables de lui aux Etats-Unis et qui sont précisément l'une en Californie, à San Francisco, au nord de Los Angeles, et l'autre à Chicago, au bord du lac Michigan.

***

Avant de vivre à Nantes, les Dupont de Ligonnès louaient une maison à Pornic, près de la côte Atlantique, à un couple de notaires qui avaient eux aussi des enfants et étaient de plus leurs voisins. Les deux familles se connaissaient bien et se fréquentaient à l'occasion, ceci jusqu'au déménagement des Dupont de Ligonnès en 2003 pour Nantes. Evidemment, quand le drame est largement médiatisée en avril 2011, le couple de notaires se souvient de cette charmante famille d'anciens voisins. Ils ne peuvent même plus l'oublier.

Et puis en 2015, à l'occasion d'une visite à leur fils qui occupe un emploi dans une multinationale située dans la Silicon Valley le couple se retrouve à San Francisco à déambuler dans le quartier français. Dans cette petite enclave historique du centre-ville, la femme entre dans une boutique alimentaire quand soudain un individu la bouscule. L'ancienne propriétaire de Xavier Dupont de Ligonnès se retourne et se trouve face à un homme vêtu d'une chemise ajustée et bien rasé qu'elle reconnait comme son ancien voisin. Elle est tellement surprise, dans le contexte du lieu où elle se trouve en Californie, qu'elle prononce à haute voix son prénom "Xavier ?". C'est alors que l'homme aurait lui aussi écarquillé les yeux avant de faire demi-tour et de s'éloigner au pas de course.

Cinq ans plus tard, en juillet 2020, dans le cadre de sa nouvelle série «Unsolved Mysteries», la chaîne américaine Netflix consacre un épisode au français disparu suspecté d'avoir tué sa femme et ses enfants à Nantes : Xavier Dupont de Ligonnès. Après la diffusion de l'épisode, le réalisateur du documentaire a bien entendu reçu quelques signalements et parmi ceux-ci l'un faisait état de plusieurs personnes ayant aperçu celui qui est appelé "Le Fugitif" dans la ville de Chicago. Des personnes qui venaient juste de voir l'épisode se trouvaient à Lake Shore Drive, quand elles ont entendu quelqu'un parler français et l'ont observé. L'homme conversait-il avec une autre personne ou était-il au téléphone ? Aucune indication n'a été fournie. Le réalisateur du documentaire ayant peu après reçu une photo de l'homme et constatant qu'il ressemblait vraiment à Xavier Dupont de Ligonnès, a signalé cette information aux autorités.

Le lieu exact de l'observation est imprécis. Lake Shore Drive correspond à un ensemble de voies longeant le lac Michigan sur une partie de la ville. Pourtant, cette piste n'est pas si farfelue. En effet, le commencement de la route 66 n'est distant que d'environ 600 mètres de la voie rapide Lake Shore Drive.

On se souvient que l'hypothèse insoupçonnée est développée sur la base que Xavier Dupont de Ligonnès remonte en partie la route Nationale 7 depuis Roquebrune. C'est-à-dire dans le sens opposé aux départs en vacances. John Doe aurait-il eu l'idée de partir de San Francisco en 2015 pour suivre la route 66 dans le sens opposé ? Erre-t-il régulièrement le long de cette route historique ?


*John Doe est aux Etats-Unis la désignation d'une personne non identifiée ou de l'homme de la rue, souvent attribuée aux corps non identifiés.

Sources : Notes personnelles, https://www.lefigaro.fr/actualite-france/2011/04/21/01016-20110421ARTFIG00380-une-famille-entiere-portee-disparue-a-nantes.php, https://www.gala.fr/l_actu/news_de_stars/xavier-dupont-de-ligonnes-ce-detail-physique-qui-a-failli-le-trahir_453012, https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/il-y-a-10-ans-xavier-dupont-de-ligonnes-passait-sa-premiere-nuit-de-cavale-en-charente-maritime-1618078381, transcription en Anglais d'un article de Society, diverses sources citant "Soir Mag", https://www.lindependant.fr/2021/10/20/xavier-dupont-de-ligonnes-apercu-a-chicago-comment-netflix-pourrait-avoir-relance-lenquete-jusquaux-etats-unis-9865976.php,Wikipédia. Images : Google Street View, Andreas H, PDPhotos de Pixabay + montage. Mis à jour le 15/03/23.

Affaire Jubillar : Les dernières 24 heures vers la déchirure

Accusé du meurtre de sa femme Delphine, Cédric Jubillar a été jugé à Albi le vendredi 17 octobre 2025 et condamné à 30 ans de prison. Ses av...