Suite à la fermeture de la plateforme des blogs de L'Obs, voici, pour son rappel historique, la copie d'un post de janvier 2017 :
François Fillon a été soudainement empêtré dans une affaire qui fait le tour des médias sous le nom de PenelopeGate. Dimanche 29 janvier, au cours d'un grand meeting à La Villette, il avait la possibilité de s'exprimer devant l'opinion publique sans contradicteur.
Mes lecteurs le savent, j'apporte sur le web avant tout de l'information et fort peu d'opinion. L'opinion est affaire personnelle et d'ailleurs les anglais disent généralement de nous que deux français discutant ensemble expriment en fait quatre opinions différentes.
Dans l'affaire Penelope et François Fillon, il parait judicieux de s'en tenir aux faits, ce qui n'empêche pas de se poser des questions et d'avoir des sentiments. Ceci pris bien entendu dans le sens "d'intime conviction" plutôt que dans "déclaration d'amour". Les déclarations d'amour n'ayant de fait rien à faire dans les affaires d'argent.
Revenons aux faits
Une attaque d'envergure a eu lieu contre l'ancien Premier Ministre. Elle appelle pour l'opinion (l'opinion publique, compte tenu que nous sommes de potentiels électeurs), une réaction, une explication, une contradiction). Pour se faire, trois temps se sont succédés. Le temps de la surprise avec la réaction dite "de la misogynie", le temps du journal de TF1, permettant d'entendre le candidat Les Républicains dire quelques mots sur "ses deux fils avocats et leur compétence" (en fait une fille et un fils étudiants) et le temps du meeting de La Villette.
Ce qui compte lorsque l'on est attaqué est de pouvoir se défendre, de pouvoir bénéficier d'une tribune médiatique qui soit à la hauteur de l'attaque... médiatique. Le discours de François Fillon du dimanche 29 janvier 2017 étant retransmis en direct sur plusieurs chaînes TNT et je l'ai écouté attentivement, de bout en bout.
D'abord, je peux me tromper mais pour commencer il m'a semblé qu'il associait les militants présents à ses problèmes personnels. En tout état de cause, ses amis proches et les orateurs qui se sont succédés à la tribune le soutiennent. Par voie de conséquence, ces personnes impliquent leur crédibilité personnelle, s'associent moralement dans les faits le concernant et concernant son épouse.
Personne n'avait, jusqu'à dimanche, évoqué les comptes personnels de François Fillon. Il a tenu à parler d'un compte, à priori commun avec son épouse. Cependant, lundi 30 janvier, le site 20minutes.fr aborde
le sujet d'un compte obligatoire à l'Assemblée Nationale et par ailleurs on peut trouver sur le web plusieurs articles datant du dernier trimestre 2016 (par exemple
celui-ci) concernant l'existence d'une Société de Conseil de l'ex-Premier Ministre. Que penser ?
Les français ensuite
Après avoir parlé de lui, François Fillon a parlé des français. Il a cité les agriculteurs. Il aurait pu évoquer aussi les femmes d'agriculteurs. Alba Ventura et Loïc Farge de RTL
le notent, comme les femmes d'artisans elles aident leurs maris dans les tâches quotidiennes. Combien d'épouses aident leurs maris sans avoir de rémunération ? Dans le fil de son discours, les agriculteurs sont cités trois fois.
François Fillon cite brièvement les infirmières, est contre les bureaucrates, sans préciser lesquels (il le dira plusieurs fois), il souhaite "dire la vérité au peuple français", il veut "convaincre et rassembler", "ne renie ni sa foi ni ses engagements". Il emploie les mots "travailler plus, travailler tous". Considère que "la récompense du mérite a été piétinée". Pour lui, il faut "produire plus et pour gagner plus". Il souhaite "remettre les finances publiques en ordre" et, si j'ai bien compris, il laissera les entreprises se débrouiller avec la fin des 35 heures.
Pour la fonction publique, il veut qu'il y ait plus d'heures de travail effectuées, mais par moins de personnes, qui en retour "seront mieux payées". Donc pas d'économies finalement ? Le candidat Les Républicains souhaite une meilleure retraite mais pour les vraiment vieux. Aux plus pauvres d'entre eux, il promet moins de un euro de plus par jour.
Vers la fin de son discours, on entend François Fillon ajouter "un délit, une santion", que les immigrés doivent "travailler et parler français", "à travail égal, salaire égal". J'aurais presque crû qu'il parlait de... mais non. Il termine son discours de La Villette sur le sujet de la "Civilisation européenne" (qui en fait n'existe pas) et à la toute fin est devenu méprisant pour la gauche. Aurait-il oublié que, dans le meilleur des cas, il y a un deuxième tour ?
(Image : Pixabay.com)