19 décembre 2023

Le Noël pas comme les autres d'Agatha Christie


Agatha Christie a disparu durant 11 jours au début du mois de décembre 1926. Pour la romancière et sa fille Rosalind âgée de 7 ans, la fête de Nöel de cette année-là allait assurément être différente des autres.

Le mari d'Agatha Christie voulant divorcer et partir vivre avec sa maîtresse Nancy Neele, Agatha et lui s'étaient querellés le vendredi 3 décembre 1926 au matin. Le soir même la romancière avait disparu au volant de sa Morris Cowley. S'ensuivit l'un des mystères les plus rocambolesques du XXe Siècle.

Dès mars 1924, Agatha Christie publie au Royaume-Uni une nouvelle policière et fantastique où figurent pour la première fois les personnages intrigants de Monsieur Satterthwaite et d'Harley Quinn : L'Arrivée de Mr Quinn. Monsieur Satterthwaite, un homme dans la petite soixantaine, fait montre d'une apparente discrétion en société pendant qu'il observe ses congénères avec la plus grande attention. Confronté à des énigmes et des meurtres, il est aidé grâce à l'apparition soudaine et parfois irréelle d'un autre personnage, Harley Quinn. En éclairant les faits sous un jour nouveau, Quinn lui permet de résoudre les énigmes.

Le samedi 4 décembre 1926 est publié aux Etats-Unis La Voix dans les ténèbres, septième nouvelle policière et fantastique avec les deux personnages. Avant cela, tôt le matin, dans le sud de l'Angleterre, le jour va bientôt se lever sur les vallons du Surrey quand un vacher, se rendant sur son lieu de travail, repère près de Newlands Corner une voiture abandonnée dont les phares éclairent encore l'obscurité. Vers 8h du matin, en promenant son chien, un jeune gitan venu d'un camp situé à proximité aperçoit lui aussi les lumières de l'automobile. Il s'approche et remarque que l'avant est enfoncé dans un buisson.

Dans le même temps, à la manière de Monsieur Quinn, surgit un certain Frederick Dore, testeur de voitures dans la petite cinquantaine et travaillant pour une marque dont le hasard fait qu'elle porte les initiales d'Agatha Christie, AC. L'homme prend tout en mains. Il fait l'inventaire de ce que la voiture contient et, après avoir vu le véhicule, il est même probable qu'il passe une vitesse pour sécuriser l'automobile. Frederick Dore confie la responsabilité de la Morris Cowley au patron du kiosque à café situé en haut de la colline et se rend ensuite au Newlands Corner Hotel proche pour appeler la police.

En ce début décembre 1926, le Newlands Corner Hotel est ouvert depuis quelques mois seulement. A cet endroit se trouve la plus belle vue d'Angleterre. Toute cette campagne vallonnée partant de Newlands Corner, descendant vers Albury et allant jusqu'à Shere, au cœur de laquelle se trouve l'étang Silent Pool, est empreinte de mystère et de fantastique.

***

Le samedi 4 décembre après-midi, tandis qu'à Albury les recherches de la disparue s'organisent autour de la carrière de craie, la voiture d'Agatha Christie est amenée dans le garage de Guilford. Sa propriétaire se trouve alors dans le train de Londres vers Harrogate, une ville situé dans le nord du Yorkshire. Peu avant 19h, elle arrive en taxi dans un hôtel-SPA où elle demande, sous le nom de la maîtresse de son mari, une chambre en pension complète. Elle indique que ses bagages suivront et s'achètera plus tard quelques vêtements au village. Durant les quelques jours qu'elle passera sur place, Agatha Christie joue au billard (plutôt mal) chante (plutôt bien) et danse. Elle avait pris son dernier cours de danse en compagnie de sa secrétaire Charlotte Fisher (Carlo), le soir du 2 décembre. Elle lit aussi beaucoup.

La nouvelle de sa disparition s'étant répandue dans toute l'Angleterre, Agatha Christie finit par être progressivement reconnue et le mardi 14 décembre, onze jours après qu'elle ait quitté Styles, la police d'Harrogate est prévenue. Le lendemain, le colonel Christie se rend sur les lieux en train. Il arrive à l'hôtel et reconnaît sa femme. Il est suivi par la sœur ainée d'Agatha et son mari J. Watts et tous trois emmèneront peu après la romancière chez les Watts à Abney Hall, dans la ville de Manchester.

Après la mort de son père, Agatha Christie et sa mère avaient passé chaque année les fêtes de Noël à Abney Hall, et elle connaissait bien la grande demeure victorienne et son parc. En compagnie de la famille de son beau-frère elle avait vécu là de superbes Noëls. Abney Hall avait tout pour plaire et la féérie de l'endroit avec un jardin doté d'une cascade, un ruisseau et un tunnel sous l'allée permettaient tous les rêves d'enfant. Le repas de Noël et les présents placés dans un bas constituaient pour elle de précieux souvenirs. Plus âgée, elle s'y rendait d'ailleurs souvent. Cependant, en décembre 1926, la maman d'Agatha Christie est décédée depuis le 5 avril.

Le jeudi 16 décembre la romancière, toujours sous le coup d'une apparente perte de mémoire, est visitée par deux médecins locaux. Le mercredi suivant 22 décembre, trois jours avant Noël, Archibald Christie amène à Abney Hall leur fille Rosalind, âgée de 7 ans afin que la famille soit réunie et, incroyable, Agatha dit ne pas se souvenir des moments que mère et fille ont passé ensemble à Styles !

Il n'existe pas d'indication connue du public sur le déroulement du Nöel 1926 à Abney Hall, ni sur la durée exacte du séjour sur place d'Agatha Christie. Depuis le 16 décembre, il est probable que les Watts ont eu la possibilité d'organiser pour le 25 une belle fête de Nöel dans la tradition familiale. Ce que l'on sait est qu'à une date inconnue Agatha Christie a quitté Abney Hall pour Londres avec sa fille Rosalind et sa gouvernante et secrétaire Charlotte Fisher, afin de faire soigner son amnésie à Harley Street. Or, les dates du jeudi 23, vendredi 24 et surtout samedi 25 décembre 1926 rendent peu envisageable un déplacement sur Londres ces jours-là. D'autant que beaucoup doutent de la vraisemblance de son amnésie et que, près d'un Siècle plus tard elle est toujours discutée !

En tout état de cause, Agatha Christie publiera la suite de sa série dans laquelle apparaissent les personnages de Monsieur Satterthwaite et d'Harley Quinn au cours du premier semestre 1927. La Beauté d'Hélène en avril et Le Sentier d'Harlequin en mai.


Sources : sources internes à sofb.fr et nombreuses sources externes après enquête en ligne. Photo : Diana Parkhouse de pixabay.com

08 mai 2023

Entre 1971 et 2011, 5 drames familiaux dans lesquels le père a pris la fuite

 

1971-2011. Dans ce passé récent qu'est la seconde moitié du XXe Siècle, durant ces quarante années entre les cas de John List et de Xavier Dupont de Ligonnès, d'autres tueries de même nature ont eu lieu, aux États-Unis comme en France. Dans la plupart des affaires, on observe qu'une rage cachée pousse le père à tuer les siens, puis il se barricade à l'intérieur de la maison familiale pour mettre fin à ses jours. Parfois il met le feu à la maison, parfois il part se tuer dans un bois proche, et parfois le mystère est total comme avec la disparition de la famille Méchinaud. Ceci posé, dans certains cas le père de famille conteste être à l'origine des meurtres et quelques-uns prennent la fuite pour s'évanouir dans la nature à tout jamais, ou presque.

L'affaire Dupont de Ligonnès (2011)

Le 21 avril 2011, les corps d'Agnès Dupont de Ligonnès et de ses quatre enfants étaient découverts sous la terrasse de la maison louée par la famille à Nantes. Les deux labradors du couple avaient subi le même sort, abattus et enterrés. Seul, le père de famille, Xavier Dupont de Ligonnès, était absent de la tuerie. Il est disparu à ce jour depuis 12 ans. La famille Dupont de Ligonnès avait été tuée au cours des premiers jours d'avril 2011. Dix ans plus tôt, le 10 avril 2001, la famille de Robert Fisher périssait mystérieusement dans un incendie.

La tuerie de Nantes elle, est la plus récente, et désormais la plus célèbre affaire de ce type avec disparition du père. Suite à la découverte des corps, les regards se sont donc tournés vers Xavier Dupont de Ligonnès, qui reste présumé innocent. Ce père de famille français est né le 9 janvier 1961, soit quelques semaines seulement avant l'américain Robert Fisher, né le 13 avril 1961.

Quarante ans avant le drame de Nantes, au début des années soixante-dix, un cas aux États-Unis allait retenir l'attention du public parce que s'y associaient la préméditation des meurtres et la disparition de leur auteur. 

L'affaire John List (1971)

A l'âge de 46 ans, John List a tué sa femme, sa mère et ses trois enfants âgés de 16, 15 et 13 ans le 9 novembre 1971 dans un grand manoir du New Jersey, puis il a disparu durant 18 ans. Son cas est si proche de celui de Nantes que de nombreux auteurs en ont relevé la similarité au point de se demander si Xavier Dupont de Ligonnès n'avait pas copié sur lui. John List traversait une grave crise financière et avait méticuleusement planifié les meurtres de ses proches. Il s'est passé plusieurs semaines avant que l'on ne découvre le drame. Une fois retrouvé, dix huit ans plus tard, il a tout avoué.

Au cœur des années soixante-dix, alors que John List est toujours recherché, survient une autre affaire. Celle-ci concerne la famille d'un diplomate travaillant au Département d’État à Washington.

Bradford Bishop (1976)

Le 1er mars 1976, Bradford Bishop, apprend qu'il ne recevra pas une promotion demandée. Il se rend à sa banque, retire plusieurs centaines de dollars, va au centre commercial de Montgomery, achète une masse, se rend peu après dans une quincaillerie, où il achète une pelle et une fourche. Il retourne vers son domicile de Bethesda, au nord-ouest de Washington, entre 19h30 et 20h00. Rentré chez lui, il tue sa femme en premier, puis sa mère, puis ses trois fils qui sont déjà couchés.

Il charge ensuite les corps des siens à l'arrière de son véhicule, un break, qu'il aurait ensuite conduit plusieurs heures en compagnie de son chien, jusqu'à un marécage boisé de Caroline du Nord. Le lendemain il creuse un grand trou peu profond pour y entasser les corps et y mettre le feu. Le break de Bishop a été retrouvé abandonné le 18 mars 1976. Personne ne l'a vu quitter la maison, personne ne la vu autour de la voiture à son arrivée près de sentiers de randonnée. Officiellement, personne ne l'a revu depuis le drame. A noter que Bradford Bishop étant né le 1er août 1936, le 1er mars 1976, il avait presque 40 ans (39 ans et 7 mois).

A partir des années deux-mille, de nouvelles tragédies avec disparition de l'auteur font la une des journaux.

Le cas Robert Fisher (2001)

Lorsque, dans les premiers jours d'avril 2011 la famille Dupont de Ligonnès est tuée à Nantes en Loire-Atlantique, Xavier Dupont de Ligonnès venait d'avoir 50 ans.

Dix ans plus tôt, à Scottsdale dans l'Arizona, Robert Fisher, un technicien respiratoire, allait atteindre trois jours plus tard ses 40 ans, quand le 10 avril 2001, sa maison familiale a brûlé et explosé. Peu après, les corps de sa femme Mary Fisher (âge inconnu) et de ses deux enfants, Brittney, 12 ans, et Bobby, 10 ans, ont été retrouvés dans leur lit. Tués sauvagement. Une conduite de gaz naturel de la maison avait été sectionnée et un liquide inflammable avait été versé sur le sol pour accélérer la propagation du feu après qu'une bougie ait été allumée.

Quand les pompiers sont arrivés, Robert Fisher est absent de la maison. Chasseur et amateur de plein air depuis qu'il était jeune adulte, Robert Fisher était connu pour avoir un comportement inquiétant lors de parties de chasse. Il était parfois cruel. Il se désolait aussi que son fils ne s'intéresse ni à la chasse ni à la pêche et le couple se disputait pour toutes sortes de raisons. Un voisin a d'ailleurs déclaré avoir entendu une dispute la nuit précédant l'incendie. 

La police suppose que les meurtres ont eu lieu le 10 avril 2001 entre 21h30 et 22h15. L'homme, ainsi que la Toyota 4Runner de sa femme sont aperçus à 22h43 sur les images de la caméra d'un distributeur automatique de billets.

Dix jours plus tard, le véhicule est découvert vide, stationné dans une pinède isolée au nord-est de Scottsdale. Comme pour Xavier Dupont de Ligonnès, Les forces de l'ordre pensent alors que Robert Fisher peut se cacher dans les montagnes, les canyons ou les grottes de la région et on fouille la zone se trouvant autour de l'endroit où la Toyota a été découverte. Sur la dizaine de grottes avoisinantes, une seule est fouillée par les policiers. Néanmoins, aucune trace de Robert Fisher n'a été trouvée par les spéléologues qui ont visité les grottes à de nombreuses reprises au cours des années qui ont suivi les meurtres.

Peut-être que Xavier Dupont de Ligonnès a eu écho de cette affaire criminelle, en tout état de cause, Robert Fisher n'est jamais officiellement réapparu depuis avril 2001. La même année s'est déroulée un autre drame familial, à Waldport, dans l'Oregon.

L'affaire Christian Longo (2001)

L'affaire Christian Longo est assez différente des précédentes. Elle peut cependant être évoquée ici par le fait de la fuite de l'auteur après l'horreur. Fin 2001, Christian Longo a presque 28 ans et c'est le mari parfait. Un mari parfait qui en fait, était un menteur, un voleur, un escroc, avait une liaison avec une autre femme et qui est devenu meurtrier en tuant son épouse et ses trois petits enfants, les faisant disparaître dans des conditions effroyables.

Les faits se sont déroulés en décembre 2001 et, après les meurtres, Christian Longo s'est ensuite tranquillement envolé au Mexique où là, il a pris le nom d'un journaliste américain de premier plan. Malheureusement pour Longo, ce dernier se retrouve balayé dans un scandale lié à un reportage falsifié. Le journaliste a ultérieurement rencontré le criminel pour une suite de l'histoire qui s'est déroulée comme aucun des deux ne l'avait prévue. Un thriller psychologique sur leur rencontre, True Story, a été réalisé en 2015.


Sources : en.wikipedia.org, https://edition.cnn.com/2016/07/06/us/the-hunt-john-walsh-robert-fisher-arizona-triple-murders/index.html

27 avril 2023

Bradford Bishop meurtrier de sa famille et disparu depuis 1976



La disparition de William Bradford Bishop Jr en mars 1976 après les meurtres de sa mère, de sa femme et de ses trois fils, est, avec celle de John List datant de novembre 1971, l'affaire criminelle présentant le plus de ressemblance avec celle de Xavier Dupont de Ligonnès, disparu depuis avril 2011.

Le cas Bradford Bishop présente la difficulté de se situer à la frontière de plusieurs États de l'Est des États-Unis. Il débute autour de Washington D.C et, pour les faits connus, se termine dans le parc national des Great Smoky Mountains, à la frontière entre la Caroline du Nord et le Tennessee.

Le 10 mars 1976, les officiers de police de Montgomery, dans le Maryland, ont été mis au courant que cinq corps non identifiés avaient été déterrés dans un endroit reculé en Caroline du Nord et qu'un flyer à propos d'une famille disparue quelques jours plus tôt à Bethesda (Maryland) était affiché à la quincaillerie Poch de Potomac, la ville voisine.

Le flyer montrait la mère de Bradford Bishop, Lobelia, 68 ans, sa femme Annette, 37 ans, et leurs trois garçons, William Bradford III, 14 ans, Brenton, 10 ans, et Geoffrey, 5 ans. La famille vivant à Bethesda, par réflexe, les policiers avaient pris un exemplaire du flyer dans le magasin et l'ont ensuite montré à la jeune femme qui avait été la baby-sitter des Bishop. Peu après celle-ci s'est écriée : "C'est la famille Bishop !"

Le matin même, l'un des policiers s'était rendu au domicile de William Bradford Bishop Junior à Bethesda parce qu'un voisin inquiet n'y avait vu aucun signe de vie depuis une semaine et il avait appelé la police. Au 8103 Lilly Stone Drive, le détective a trouvé du sang sur le porche de la résidence, sur le sol, sur les murs du hall d'entrée et des chambres.

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William Bradford Bishop Junior, le père de famille de 39 ans habitant à cette adresse, était connu pour avoir un niveau d'études supérieures. Jeune élève, il avait d'abord fréquenté la South Pasadena High School, puis avait obtenu une licence en histoire de l'université de Yale, une maîtrise en études internationales du Middlebury College ainsi qu'une maîtrise en études africaines de l'Université de Californie Los Angeles. Il s'était ensuite engagé dans l'armée et y avait travaillé pendant quatre ans, dans le contre-espionnage.

Ayant quitté l'armée, il avait rejoint le département d'État américain et servi dans les "services extérieurs". Occupant de nombreux postes à l'étranger, notamment dans plusieurs villes italiennes, il avait fait ensuite des études supérieures à Florence, servi dans différents pays africains et s'était retrouvé finalement au siège du département d'État à Washington, D.C. en 1974, flanqué d'un titre professionnel à rallonge. 

Ce diplomate américain, après avoir obtenu son diplôme de Yale, avait épousé son amour de lycée. Il parlait couramment cinq langues, anglais, italien, français, espagnol et serbo-croate. La famille n'avait semble-t-il aucune difficulté particulière autre que celles de la vie courante d'une bonne partie des américains de la classe moyenne. Elle était très unie et sportive et Bradford Bishop était un homme de Plein-Air.

La maison des Bishop a été revendue un an après le drame
Le 1er mars 1976

Cependant, le 1er mars 1976, Bradford Bishop apprend qu'il ne recevrait pas la promotion qu'il avait demandée. Peu après, il dit à sa secrétaire qu'il ne se sent pas bien et quitte son bureau situé dans le quartier de Washington D.C., à l'ouest de la Maison Blanche, où se trouvent de nombreuses agences fédérales et institutions internationales. La police pense qu'il s'est rendu à sa banque, d'où il a retiré plusieurs centaines de dollars, puis au centre commercial de Montgomery, où il a acheté une masse et un bidon d'essence. Il est supposé qu'il a ensuite rempli le réservoir de sa voiture, une Chevrolet break de 1974 ainsi que le bidon, dans la station-service du centre commercial. Il s'est rendu peu après dans une quincaillerie Poch, où il a acheté une pelle et une fourche.

Bradford Bishop est retourné à son domicile de Bethesda entre 19h30 et 20h00. La police pense que les deux femmes ont été attaquées avant de se coucher puisqu'elles portaient des vêtements de jour. Sa femme en premier, et sa mère alors qu'elle revenait de promener le chien de la famille. Selon les constatations le meurtrier aurait matraqué à la tête, jusqu'à la mort, ses trois fils après qu'ils se soient couchés, puisqu'ils portaient encore leur pyjamas. Le tueur a épargné le chien et a semble t-il transporté les cinq corps la nuit, les tirant jusqu'à l'allée, et les jetant dans le véhicule familial.

En fin de journée le 1er mars, Bradford Bishop aurait conduit environ cinq heures en compagnie de son chien, avec dans le break les corps des siens, ceci sur plus de 440 km jusqu'à un marécage boisé de Caroline du Nord. Le lendemain 2 mars, il creuse un grand trou peu profond pour y entasser les corps et y mettre le feu avec de l'essence. Non loin des corps brûlés se trouvaient un bidon d'essence, une fourche de jardin et une pelle provenant de la quincaillerie Poch, et aussi des traces de pneus. L'homme aurait ensuite acheté, et payé avec sa carte bancaire, des affaires de sport dans un magasin de Caroline du Nord, à Jacksonville.

Le break de Bishop a été retrouvé abandonné le 18 mars 1976 vers midi près de Gatlinburg, dans le parc national des Great Smoky Mountains au Tennessee, sur un terrain de camping isolé, Elkmont camp grounds, à plus de 640 km de l'endroit où les corps ont été enterrés. L'intérieur de la voiture montrait des traces de sang sur sa partie arrière. Selon les informations recueillies sur place, le break aurait été présent sur le terrain quatre ou cinq jours après les meurtres, autour du 6-7 mars. La police suppose que Bradford Bishop aurait pu rejoindre des randonneurs sur le sentier des Appalaches. Aucune trace olfactive de Bradford Bishop n'a pu être retrouvée par les limiers.

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Le jour même de la découverte, un grand jury a inculpé Bishop de cinq chefs d'accusation de meurtre au premier degré et de plusieurs autres chefs d'accusation. Quelles preuves ont été présentées au grand jury pour les justifier ? Le procureur de l'État a déclaré qu'il s'agissait principalement de circonstances.

Autour de l'affaire Bradford Bishop

Personne, pas même le propriétaire de la maison proche, n'a remarqué la présence de Bradford Bishop sur le parking où sa voiture a été retrouvée, un endroit utilisé régulièrement par les randonneurs pour y stationner leurs véhicules quelques jours. Il a fallu attendre une semaine avant que la découverte des corps par un garde forestier soit reliée à la disparition de la famille à Bethesda. Ce mois de mars 1976, une vague de chaleur exceptionnelle a drainé de nombreuse personnes dans le parc naturel. Selon des témoins, quand Bradford Bishop est allé acheter des affaires de sport à Jacksonville, on parle de chaussures de tennis, il aurait été accompagné de son chien, un golden retriever nommé Leo* et peut-être d'une femme décrite comme "à la peau foncée".

Des recherches ont été menées de Bethesda jusqu'au Bostwana. Les membres de la famille possédaient un passeport diplomatique et celui de Bradford Bishop était manquant. Le mobile des meurtres laisse les enquêteurs perplexes, la famille étant en apparence unie, et dans la mesure ou le fugitif travaillait dans le contre-espionnage, une opération de "nettoyage" est parfois évoquée. Quelques personnes crédibles comme d'anciens collègues ou voisins disent l'avoir aperçu en Europe.

En 2021, une femme, Kathy Gillcrist, qui avait été élevée par des parents adoptifs et dont la cousine est une passionnée de généalogie a découvert grâce à une recherche ADN et généalogique sur Internet qu'elle était la fille naturelle de Bradford Bishop. Cette information a ensuite été transmise au FBI qui disposait d'éléments prélevés en 1976 dans le break abandonné, notamment des mégots de cigarettes de Bradford Bishop.

Madame Gillcrist avait 18 ans en mars 1976 lors du drame de Bethesda. Elle venait d'être couronnée Miss Stoughton, une petite ville du Massachusetts où elle a grandi. La découverte d'une fille naturelle de Bradford Bishop ouvre une nouvelle porte sur la vie inconnue du fugitif, notamment sur la période comprise entre 1957 et 1960, et sur de possibles événements reliés à ses études à Yale. D'éventuelles découvertes permettraient-elles d'éclairer la tuerie du 1er mars 1976 ?

 

* L'un des deux labradors de Xavier Dupont de Ligonnès s'appelait Léon.

Sources : https://web.archive.org/web/20080814201729/http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,911759,00.html (article du lundi 22 mars 1976), en.wikipedia.org, NBC4 Washington, différents articles du Washington Post, Washington Post papier 03.19.76, Harold Weisberg (et image), Google Street View.

02 avril 2023

Leigh Occhi, disparue dans sa maison en août 1992 ?

 

Nous connaissons tous le personnage de Miss Marple, créé par Agatha Christie. La plupart de son temps, Miss Marple réside à la campagne, à St-Mary-Mead. En faisant le rapprochement avec les agissements des personnes vivant ou ayant vécu dans son petit village, qu'elle observe finement, elle parvient à trouver des similitudes dans les comportements des individus. Basée sur des histoires ou des faits-divers locaux, son analyse de la nature humaine la met sur la piste des criminels.

Les choix de vie en fonction d'éléments semblables, de critères proches, comme le caractère, le milieu social, les études effectuées ou le signe astrologique, pourquoi pas. Des choix criminels concrétisés par connaissance, par reproduction, par copie, on en rencontre dans les reportages spécialisés, ce n'est pas nouveau. Que des individus puissent dans certains cas reproduire des crimes passés pour les mêmes raisons, c'est souvent le cas des familicides. Si c'était sans que l'auteur en ait eu connaissance, cela relèverait probablement de la coïncidence. Dans le premier mystère qui suit, bien des années plus tard, personne n'a encore été inculpé.

Dans le Mississippi, une jeune fille de 13 ans disparait chez elle sur fond de l'ouragan Andrew   

Nous sommes le jeudi 27 août 1992, l'avant dernier jour des effets de l'ouragan dévastateur Andrew, qui, cette année-là, a ravagé les Bahamas et la Floride en août. Au moment, le phénomène météorologique remontait à l'intérieur des terres dans l’État du Mississippi, se rétrogradant progressivement en tempête, avec des fortes pluies. Leigh Occhi, une jeune fille de 13 ans, serait restée seule ce jeudi en début de matinée, dans la maison située au fond d'une voie sans issue de Tupelo, au 105 Honey Locust Drive, où elle habite avec sa mère Vickie Felton. C'était la première fois qu'elle restait seule à la maison.

La mère vivait seule avec sa fille

Les parents de Leigh s'étaient rencontrés alors qu'ils étaient tous deux membres de l'armée américaine et servaient en Californie. Mariés en 1977, divorcés en 1981. Au gré des mutations, le père de Leigh avait toujours gardé un contact avec sa fille. La mère avait de son côté un nouveau compagnon, Barney Y., cependant le couple s'était séparé quelques semaines avant la disparition de Leigh. L'homme avait déménagé dans un autre appartement à Tupelo.

Leigh était connue pour être une gentille jeune fille douce, intelligente, et un peu extravertie. Elle adorait les animaux, particulièrement les chevaux, et s'intéressait à l'équitation. Bonne élève, notamment en mathématiques, elle avait une tendance à ne pas rester en place, faisant que certains enfants se tenaient éloignés d'elle.

Il s'agissait de l'un des derniers jours des vacances d'été de l'adolescente. La veille, le 26 août, après avoir passé du temps avec des camarades, la jeune fille était rentrée chez elle autour de 20h00. A ce moment-là, sa mère n'était pas encore arrivée, Leigh s'est donc aventurée dans le quartier, demandant aux voisins s'ils étaient d'accord pour qu'elle attende chez eux que sa mère rentre. Chez l'un d'eux, elle est restée jusqu'à l'arrivée de Vickie, à 20h45. Selon la voisine, rien ne semblait anormal, Leigh paraissait heureuse et bavarde.

Vickie Felton serait partie ce matin-là entre 7h35 et 7h50* pour rejoindre son lieu de travail, l'entreprise manufacturière voisine, Leggett and Platt, située à environ 2,5 km de chez elle. À son arrivée sur place, elle emprunte la radio météorologique de son patron, afin de rester informée de la situation météo. Elle apprend que les conditions devaient empirer, des masses de pluie liées à l'ouragan Andrew s'étant déplacées vers Tupelo. Entre 8h00 et 8h30*, elle tente d’appeler sa fille au téléphone pour l'en informer. Les deux avaient un code. Vickie devait laisser le téléphone sonner deux fois, avant de raccrocher et de rappeler immédiatement après. Cependant, Leigh n'a jamais décroché le téléphone.

N’obtenant aucune réponse, la maman de Leigh Occhi, malgré le risque météo potentiel, se précipite à son domicile. Souvenons-nous, la maison se trouve à moins de 10 minutes de son travail. Elle revient chez elle à 8h45. Selon ses déclarations ultérieures, à son retour à la maison, elle trouve la porte de garage ouverte et la lumière allumée. Cela lui paraît curieux parce que selon elle, la lumière ne s'allume que si quelqu'un déclenche la porte**. En entrant à l'intérieur, elle remarque dans le couloir du sang éclaboussé sur le mur et une flaque de sang sur le sol.

"J'ai commencé à appeler Leigh et à traverser toutes les pièces", a déclaré ensuite Vickie Felton. "Puis je suis entrée dans sa chambre. Sa couverture préférée était froissée par terre et j'avais très peur." Elle dit avoir couru dans le jardin à l'arrière de la maison, vérifié l'abri. Il n'y a aucun signe de Leigh alors Vickie Felton appelle le 911 à 9h00 pour signaler la disparition de sa fille.

Qu'est-il arrivé à Leigh Occhi ?

Aux Etats-Unis, le canal radio de la police est public, et le risque météo aggravé faisait que beaucoup d'habitants des environs l'écoutaient. Barney Y., la grand-mère de Leigh et un journaliste local qui avaient entendu l'appel sur la radio de la police sont arrivés au 105 Honey Locust Drive peu après, en même temps que les patrouilleurs de la police.

La maison ne présentait aucun signe d'effraction. A l'intérieur, les forces de l'ordre ont trouvé d'autres flaques de sang, qui n'étaient pas encore sèches. Du sang et des cheveux étaient collés au cadre d'une porte située face à la cuisine et une petite trace de sang menait du couloir au salon et à la porte arrière. Du sang, il y en avait dans la chambre de la jeune fille, le couloir et la salle de bain. La porte de sa chambre était maculée de sang. Les traces roses sur un meuble dans la chambre° ont été interprétées comme si quelqu'un avait tenté de nettoyer le sang sur le dessus du meuble. 

Dans la chambre de la jeune fille, les policiers ont découvert une chemise de nuit ensanglantée appartenant à Leigh placée, comme cachée, à l'intérieur d'un panier à linge. A ce sujet, le chef de la police de Tupelo déclarera: "Parce qu'il semblait que le sang avait coulé sur sa chemise de nuit, on pourrait penser que la blessure devait être au-dessus du cou."

C'est sous une tempête menaçante que les recherches ont été menées alentours immédiatement après la disparition de Leigh Occhi. Les policiers ont cherché autour de la maison avec des chiens et dans la zone constituée de bois et de broussailles située à proximité. Avec la pluie battante les recherches n'ont rien donné.

Comme souvent dans les affaires de disparition d'adolescents, un certain nombre de rumeurs circulent, des pistes se révèlent être fausses. Celle de Leigh Occhi n'y fait pas exception. Certains bruits sont parvenus aux oreilles des enquêteurs au sujet du beau-père de Leigh, Barney Y., notamment parce que la jeune fille s'était déjà présentée à l'école portant des ecchymoses, qu'elle attribuait devant ses camarades de classe à l'équitation. L'ex beau-père a cependant été écarté des suspects par les forces de l'ordre, après avoir fourni un solide alibi et avoir été soumis avec succès au détecteur de mensonges.

Donald Occhi, le père de Leigh, était à l'époque en poste à Alexandrie en Virginie. Son ex-femme lui a téléphoné le lendemain de la disparition, le 28 août, pour simplement lui dire que Leigh avait disparu. Ce n'est que quelques jours plus tard qu'elle l'a rappelé "pour donner des détails sur le sang et tout le reste". Donald Occhi a ensuite obtenu une permission, et s'est rapidement joint aux efforts de recherche. Alors qu'il cherchait sa fille à Tupelo au début du mois de septembre 1992, plusieurs habitants lui ont suggéré de "regarder sa mère". Il répond qu'il le faisait déjà. Parce qu'il avait des doutes sur Vickie.

Vickie Felton raconte que le matin de la disparition, elle et sa fille avaient pris le petit déjeuner ensemble et Leigh était toujours en pyjama lorsqu'elle a quitté la maison. La jeune fille devait ensuite se préparer pour partir, sa grand-mère devant venir la chercher pour la conduire à une journée portes ouvertes dans sa nouvelle école.

Malgré la disparition de sa fille, la présence de sang un peu partout dans la maison et sur la chemise de nuit de Leigh, le tout vécu dans un contexte météorologique exceptionnel, la mère n'est pas avare de détails sur les heures précédant son départ au travail. Vickie Felton raconte que le matin de la disparition, elle et sa fille avaient pris le petit-déjeuner ensemble et Leigh était toujours en pyjama lorsqu'elle a quitté la maison. 

Elle dit s'être réveillée à 6h45, et qu'à ce moment-là sa fille était encore profondément endormie. Elle précisera que, la veille au soir, Leigh, inquiète à propos des orages, lui avait demandé pour dormir avec elle dans sa chambre. La mère de Leigh ajoute encore qu'après avoir pris une douche, en sortant de la salle de bains elle a vu sa fille réveillée mais toujours au lit. Elle se souvient être allée au dehors vers 7h00 pour prendre le journal du matin. Que durant le petit-déjeuner elles ont discuté de leurs projets pour la soirée. Elles avaient prévu de dîner au Taco Bell après que Leigh ait assisté à la journée portes ouvertes avec sa grand-mère.

A suivre...


* L'heure précise n'est pas connue, on peut déduire que la mère de Leigh est restée au minimum une demi-heure à son travail. Une autre source indique que Vickie Felton est partie travailler à 7h40, une autre à 7h35, une autre qu'elle est partie entre 7h35 et 7h45 et arrivée au travail à 7h50, version qui semble la plus vraisemblable. Il est dit aussi qu'elle a appelé chez elle juste avant 8h30, qu'elle a appelé le 911 vers 8h30. Bien entendu, plus le laps de temps entre son départ du domicile et l'appel à son domicile est court moins cela laissait de temps à une personne extérieure pour agir et plus cet appel téléphonique parait curieux.

** On ignore de quelle porte il s'agit, supposément la porte entre le couloir et le garage. La phrase exacte est "C'était très étrange, car la lumière ne s'allume pas à moins que quelqu'un ne déclenche la porte". °Parfois dans la chambre, parfois dans la salle de bains, selon les sources.

Sources : https://en.wikipedia.org/wiki/Disappearance_of_Leigh_Occhi, http://edition.cnn.com/2009/CRIME/11/13/grace.coldcase.occhi/index.html, https://allthatsinteresting.com/leigh-occhi, https://storiesoftheunsolved.com/2020/07/11/the-disappearance-of-leigh-occhi/, https://www.huffpost.com/entry/leigh-occhi-disappearance-podcast_n_5a67a9e6e4b0dc592a0d8f0b

Photo diffusée de Leigh Occhi

10 mars 2023

L'avancée scientifique sur l'étude de l'ADN permet de résoudre un Cold Case de 1976

Le meurtrier d'une adolescente de 16 ans sauvagement assassinée dans le Kentucky en 1976 a été identifié au premier trimestre 2023 grâce aux progrès de la technologie de l'ADN.

Le corps de Carol Sue Klaber, une jeune fille âgée de 16 ans, avait été découvert le 5 juin 1976 dans un fossé sur Chambers Road à Walton, dans le Kentucky.

Une affaire vieille de 46 ans

L'inspecteur de la police d'État chargé de l'enquête a suivi différentes pistes pendant près de dix ans. L'affaire s'était ensuite enlisée et est devenue un Cold Case.

En 2017, le bureau du shérif du comté de Boone a créé une unité des affaires non résolues composée de deux détectives qui ont repris peu après le dossier de Carol Klaber. En passant au peigne fin tous les documents et indices à leur disposition, les deux policiers ont découvert que de l'ADN et des empreintes digitales avaient été relevés sur la scène de crime en 1976.

Dans un premier temps deux suspects potentiels sont identifiés, sans que les preuves médico-légales ne concordent.

Finalement, en septembre 2022, le bureau du shérif du comté de Boone a pris contact avec un laboratoire spécialisé basé à Houston au Texas afin de déterminer si l'ADN récupéré sur la scène de crime pouvait être analysé à l'aide de tests de nouvelle génération.

C'est seulement grâce à une organisation à but non lucratif apportant un financement aux agences d'investigation dans ce type d'affaire que l'envoi de l'ADN du centre médico-légal central de la police de l'État du Kentucky au laboratoire de Houston a été possible.

Les scientifiques ont ainsi pu établir un profil génétique complet du suspect, profil qui a été utilisé pour créer des pistes d'enquête par le biais de la généalogie génétique. Grâce à cette recherche les deux détectives ont été conduits vers un homme qui avait 19 ans au moment du décès de Carol Klaber en 1976.

Du nom de Thomas W. Dunaway, cet homme avait eu par la suite un parcours criminel, cependant il est décédé à l'âge de 33 ans. Son ADN va être enregistré dans le système CODIS (Combined DNA Index System) pour être comparé à d'autres cas qui pourraient se présenter dans le futur.
 

Source : https://www.foxnews.com/us/kentucky-teens-murder-solved-nearly-half-century

25 février 2023

La cavale de John List

EXCLUSIF. John List était un citoyen américain ordinaire. Il a beaucoup fait parler de lui à la fin de l'année 1971 pour avoir, le 9 novembre, tué sa femme, sa mère et ses trois enfants dans la maison familiale située dans le New Jersey. Âgé de 46 ans il a ensuite totalement disparu. 

Pour commettre ses assassinats John List avait tout planifié méticuleusement et il s'est passé près d'un mois avant que l'on s'aperçoive du drame. En cela, l'affaire Dupont de Ligonnès lui ressemble sur  plusieurs points. On ne retrouvera le criminel que 18 ans plus tard, le 1er Juin 1989, après la diffusion d'une émission de télévision d'appels à témoignages.

S'il est possible, par les points semblables et les curieuses coïncidences, de rapprocher deux affaires situées à près de 40 années de distance, il peut paraître intéressant, pour pouvoir éventuellement l'extrapoler à un autre cas similaire, de savoir ce qu'a été la vie de John List lors de sa cavale. Cette possibilité nous est donnée grâce à un article du Washington Post datant du 1er juillet 1989, un mois après son arrestation en Virginie.

La vie de John List retracée

La dernière trace de John List après son départ de son imposante maison de Westfield est sa voiture, un modèle de Chevrolet Impala datant de 1963, qui fut retrouvée stationnée sur un parking de l'Aéroport International JFK de New York trois jours après que l'on ait découvert les corps. Les autorités pensent alors que List a débuté une nouvelle vie vers l'ouest et en réalité à la fin 1972, un certain Robert Clark vit dans dans un parc pour caravanes à la périphérie de Golden, une banlieue à l'ouest de Denver dans le Colorado.

Le soir, il travaille dans les cuisines d'un hôtel proche et un collègue dira de lui qu'il a une obsession pour l'Histoire. Qu'il pouvait lui poser n'importe quelle question relative aux rois d'Angleterre ou autres et qu'il pouvait donner les dates de leur règne, les prénoms et dates de naissance des enfants, et qu'il savait tout cela par cœur, comme si c'était une façon pour lui d'enterrer sa propre histoire. Le collègue, qui est aussi le chef de cuisine devient ami avec Robert Clark/John List et en 1975, lorsqu'il change d'établissement pour le Country Club à Parker au sud est de Denver, il emmène List avec lui.

Le fugitif est un bon collègue dur à la tâche et il passe rapidement du parc à caravanes à un appartement à une chambre puis à un autre à deux chambres, selon son collègue parce qu'il aimait jouer aux jeux de guerre avec avec petits soldats de plomb et avait besoin de place. Et puis, en 1977, John List retrouve un travail de comptable, profession qu'il occupait avant le drame, et la même année il rencontre une femme dans une réunion paroissiale, Delores Miller. Il commence à fréquenter Delores Miller et déménage en 1978 pour habiter à l'Est de Denver, à Aurora, dans un complexe d'immeubles situé à l'Est de la ville.

Pour pouvoir emménager dans cet appartement, John List possédait un permis de conduire, une carte de sécurité sociale et plusieurs cartes de crédit au nom de Robert P. Clark. Selon le Washington Post, lors de son procès ultérieur, la police ne sait pas s'il s'est inventé une identité à l'aide de faux documents ou s'il a pris l'identité d'une personne décédée. Dans la demande de location qu'il a remplie en 1978, Clark a indiqué qu'il travaillait depuis 18 mois (à partir de janvier 1976) comme comptable pour une société R.C. Miller & Co de Wheat Ridge, au Colorado. Or il n'existe à l'époque aucun dossier fiscal ou commercial pour une telle société dans les dossiers de l'État du Colorado ou de la ville de Wheat Ridge.

En novembre 1985, John List emménage chez Delores Miller. Un mois plus tard le couple se marie. Après avoir occupé deux autres emplois de comptable dans la région de Denver, Robert Clark décide de créer sa propre entreprise en 1986. Mais sa société périclite, et les problèmes financiers reviennent. Clark/List recherche de nouveau du travail. Ses problèmes perdurent jusqu'à ce qu'il décroche finalement un emploi de comptable à Richmond, une ville située plus à l'Est des Etats-Unis, en Virginie. 

John List déménage en Virginie en février 1988 et emménage au mois de juillet à Brandermill, au sud ouest de Richmond, dans une maison de 76 000 dollars achetée au nom de sa femme, et pour laquelle elle a versé 12 000 dollars. Auparavant, il vivait modestement dans les environs de Denver depuis plus de 15 ans.

Qui a dénoncé John List ?

Selon l'article du Washington Post, un agent du FBI a déclaré qu'il ne lui était pas possible de vérifier qu'elle était la personne qui avait appelé pour dénoncer Robert Clark le soir du 21 mai 1989 lors de la diffusion de l'émission "America's Most Wanted". Cependant, la voisine de Delores Miller au moment ou Robert Clark avait emménagé chez Delores a reconnu Clark et a dit à son gendre d'appeler le FBI. Ce n'était pas la première fois que cette voisine identifiait Clark comme étant John List, selon ses dires. Elle dit avoir, en février 1987, acheté un magazine à l'épicerie et y avoir lu un article sur les meurtres de List. Elle a montré l'article avec la photo à Delores Clark en lui demandant : "Ce n'est pas votre mari ?". L'ancienne voisine précise que Delores Clark a fixé la photo pendant une minute pour finalement répondre "Oh non, ce n'est pas lui." Tout naturellement la voisine a ajouté "Pourquoi vous ne lui montrez pas ?". La réponse aurait été de déchirer l'article.


Source : https://www.washingtonpost.com/archive/local/1989/07/01/a-double-life-for-17-years/e6ea9055-c690-428c-bbe2-75c86adc82a4/

Le Noël pas comme les autres d'Agatha Christie

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